Luc Aspart, expert-comptable, analyse l’évolution de l’activité, de la rentabilité et des prix d’acquisition en Occitanie, en particulier dans la ville de Toulouse.

Acquisition et financement

Malgré les apparences, les prix de cession exprimés en fonction de l’EBE restent stables. En effet, l’échantillon présente une proportion plus grande d’officines cédées de l’agglomération toulousaine. Les critères de taille et de localisation entraînent une telle dispersion des ratios qu’il est difficile de déceler des tendances. On peut cependant remarquer que les acquéreurs ont bien intégré la difficulté à gérer sur le long terme une petite pharmacie.

Chiffre d’affaires, marge et EBE

Les tendances des années précédentes, à savoir une prime pour les chiffres d’affaires importants et un intérêt marqué pour l’agglomération toulousaine, se sont confirmées. La crise sanitaire n’a pas modifié l’attitude des acquéreurs qui la considèrent comme un phénomène passager sans effet durable sur la rentabilité et les choix de la clientèle.
La période est particulière puisqu’elle intègre ce qu’il est convenu d’appeler la première vague de la pandémie. Les différents segments du chiffre d’affaires ont suivi des évolutions divergentes :
– baisse des ventes de spécialités de 2,5 % en liaison avec les baisses de prix ;
– poursuite de la progression des ventes du rayon diététique ;
– diminution attendue des ventes des médicaments en libre-accès ;
– progression des ventes relevant de la TVA à 20 %.
Cette dernière évolution n’était pas attendue, il semble que la pandémie en limitant les déplacements ait favorisé les achats de parapharmacie de proximité. Par ailleurs, les dispositifs médicaux ont également progressé. Nous notons aussi la poursuite d’une érosion de la marge déjà observée les années précédentes.

Il ne faut pas attacher une importance exagérée à la baisse de la rentabilité observée dans ce contexte de pandémie qui trouble les comptes de résultat et les bilans. L’apparition des prêts garantis par l’État (PGE), qu’une proportion non négligeable de pharmaciens a souscrit au titre de la précaution, explique l’augmentation significative de l’endettement. Il est très probable que la grande majorité de ces PGE de précaution sera remboursée prochainement.

« Utiliser des boosters pour mieux décoller », la métaphore spatiale est parfaitement comprise dans une métropole qui revendique la primauté dans l’aéronautique et l’espace, et le recours aux dispositifs de la CAVP ou des groupements devient systématique. Ces concours sont particulièrement appréciables dans une région où les prix de cession exprimés en multiple de l’EBE corrigé restent supérieurs à la moyenne nationale.

Comme on pouvait s’y attendre, les distributions de dividendes se sont développées. L’application successive de l’impôt sur les sociétés et du prélèvement forfaitaire unique de 12,8 % limite l’imposition totale de ces revenus à environ 38 %. Ce taux peut paraître élevé, mais il convient de rappeler que la tranche taxée à 41 % commence à un revenu de 73 516 € par part et qu’il existe une tranche à 45 % ! •