Ségur de la Santé : Pharmacie, la grande oubliée

Le monde de la pharmacie est laissé sur le carreau du Ségur de la Santé.

C’était il y a deux mois : Édouard Philippe et Olivier Véran officialisaient le Ségur de la Santé au 25 mai 2020. Afin de servir l’ambition de cette grande concertation, le gouvernement prévoyait 300 acteurs du monde de la santé. Des objectifs clairs : tirer collectivement les leçons de l’épreuve traversée et faire le lien avec les orientations de Ma Santé 2022, pour « bâtir les fondations d’un système de santé encore plus moderne, plus résilient, plus innovant, plus souple et plus à l’écoute de ses professionnels, des usagers et des territoires, avec des solutions fortes et concrètes. », d’après le communiqué de presse du ministère de la santé, le 25 mai dernier.

Or, ce même communiqué énonce les quatre piliers sur lesquels reposeront les concertations du Ségur de la Santé et révèle la composition des différents groupes : un comité Ségur national, et un groupe Ségur national spécifique autour des carrières et des rémunérations.

Mais à la lecture de cette annonce, grande surprise : le monde des pharmaciens n’est pas représenté. A ce jour, ni l’Ordre, ni les doyens de faculté de pharmacie, ni les représentants des externes et internes, ni l’ANEPF, ni les syndicats n’ont de place dans les groupes de travail. Au vu des corps de soignants inclus dans le Ségur, Philippe Besset, président de la FSPF réagit en tweetant: « le Ségur de la santé tant attendu est en fait un Ségur de l’hôpital. Pas un mot sur la prévention. »

C’était pourtant une demande partagée par l’ensemble du milieu de la pharmacie que d’avoir une place dans ce ségur national, avoir une représentativité et pouvoir prendre part au débat.

«Le gouvernement compte sur les pharmaciens quand il s’agit de distribuer les masques, de prendre en charge les patients dans cette situation de crise, de produire des SHA. Les étudiants se mobilisent dans les services qui ont besoin, jusqu’à fragiliser leur formation en cours. La pharmacie restait quasiment le seul point de repère durant le confinement pour la population. Mais quand il s’agit d’émettre des idées et de prendre part au débat, nous sommes oubliés. » s’indigne Gautier Davrainville-Simonato, président de l’ANEPF. L’association étudiante a formulé une demande au ministère de la santé dès le lundi soir, afin d’être intégrée au comité national du Ségur. Demande toujours sans réponse à ce jour. « Nous sommes déterminés à travailler sur les sujets de santé abordés, la Pharmacie doit être représentée. » termine l’étudiant de pharmacie.

Après l’affaire des masques, le gouvernement semble donner, à travers ce Ségur de la Santé, le coup de grâce aux pharmaciens.