« Éliminer l’infection par le virus de l’hépatite C avant 2025 », tel est l’objectif de l’Association Française pour l’Étude du Foie (AFEF), qui rassemble la communauté scientifique française impliquée dans les pathologies hépatiques. Fixée à 2030 par l’OMS, cette élimination se définit par une diminution de 90 % des nouvelles infections, associée à une réduction de la mortalité de 65 % liée au VHC. Afin d’y parvenir prématurément, l’AFEF publie de nouvelles recommandations, suggérant ainsi des mesures simultanées articulées autour de deux axes : le traitement universel et le dépistage universel.
Le dépistage pour tous
Une étude publiée en 2015 estimait à 75 000 le nombre de sujets restant à dépister en France. Face à cette estimation et à la conclusion de la HAS qui affirmait en 2016 que « le dépistage ciblé en fonction des facteurs de risque présente des limites et contribue à la persistance d’une épidémie cachée de l’infection VHC », l’AFEF recommande que chaque adulte, au moins une fois dans sa vie, doit subir un test de dépistage combiné du VHB, du VHC et du VIH. Ce dépistage universel, qui a pour objectif de diagnostiquer au plus vite l’ensemble des patients infectés, présente aussi l’avantage d’éviter la stigmatisation des populations à risque. Pour qu’il soit effectif, « l’ensemble des méthodes disponibles doit être remboursé à 100 % par la Sécurité Sociale » précise l’Association.
Deux parcours de soin
Le développement des molécules pangénotypiques a bouleversé la prise en charge thérapeutique de l’hépatite C, et l’arrivée conjointe du Maviret et de l’ensemble des traitements du laboratoire Gilead en ville est une avancée pour une prise en charge de proximité. Mais l’AFEF estime qu’il faut aller plus loin, en autorisant la prescription du traitement de l’hépatite C à l’ensemble des médecins ainsi que le suivi de ce traitement par le personnel soignant non médical.
« L’implication de l’ensemble des professionnels de santé dans le parcours de soins du patient infecté par le VHC permettra de sensibiliser ces professionnels sur l’infection et donc sur la nécessité d’un dépistage. Ils seront alors un maillon essentiel dans le dépistage universel, étape indispensable pour obtenir l’élimination virale »
Recommandations de l’AFEF
Ce parcours de soin simplifié ne sera, en revanche, pas ouvert à tous les patients. En effet, la détection d’un ou de plusieurs facteurs de comorbidités au cours du bilan initial, comme une maladie hépatique sévère ou une co-infection VHB/VIH, orientera automatiquement vers un parcours spécialisé.
Quels rôles pour le pharmacien ?
L’AFEF insiste sur le rôle essentiel du pharmacien dans ses nouvelles recommandations, qui, outre la délivrance des agents antirétroviraux, peut assurer la surveillance de l’observance des patients ainsi que le recensement des autres traitements pris, aussi bien en automédication que sur prescription. Or, inobservance et interactions médicamenteuses sont les deux raisons les plus souvent invoquées dans les situations d’échec thérapeutique avec les molécules pangénotypiques. Par ailleurs, l’Agence souhaite impliquer tous les soignants dans le dépistage, mission qui, à terme, pourrait aussi concerner le pharmacien.