Médicaments et sécurité routière : vigilance renforcée

Mercredi 22 mars 2017, la Sécurité routière, la Direction générale de la Santé et l’Ordre national des pharmaciens ont lancé une campagne d’information sur les risques liés à la prise de médicaments sur la conduite de véhicules. Isabelle Adenot, Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), Emmanuel Barbe, Délégué interministériel à la Sécurité routière, et Benoît Vallet, Directeur général de la Santé (DGS) ont signé une convention visant à renforcer la sensibilisation du grand public aux effets des médicaments sur la conduite de véhicules. Un arrêté du ministère des Affaires sociales et de la Santé modifiant la liste des médicaments présentant des risques pour la conduite de véhicules a été publié au Journal Officiel le 18 mars 2017. Pour Emmanuel Barbe, « ce partenariat avec les pharmaciens et la DGS était essentiel. Ce travail concrétise cette alliance. » Il s’accompagnera d’un dispositif de communication complet.

La signature de cette convention découle de la décision du Comité interministériel de la Sécurité routière du 2 octobre 2015 de « conduire une évaluation des médicaments mis sur le marché depuis la dernière évaluation de 2008 mais aussi des anciens en raison de nouvelles utilisations, par rapport aux risques liés à la conduite d’un véhicule, et conduire une campagne de sensibilisation auprès du grand public. » 3,4% des accidents mortels de la route sont attribués à une prise de médicaments. Dans la moitié des cas, les traitements en cause sont des benzodiazépines (anxiolytiques ou somnifères). En France, plus de 11 millions de personnes consomment des benzodiazépines. « C’est un sujet de santé publique majeur. C’est parfois une combinaison de produits qui mène à l’accident et il faut rester conscient dès responsabilités qui sont les nôtres. Beaucoup de médicaments sont concernés par une interdiction totale de la conduite et les professionnels de santé doivent y être sensibilisés » a souligné Benoit Valet.

« Promouvoir la santé publique est notre mission » a insisté Isabelle Adenot lors de la conférence de presse. « Les pharmaciens ont dans leur code de déontologie plusieurs tâches : contribuer à l’éducation sanitaire du public et porter leur concours aux actions des autorités sanitaires. Délivrer un médicament, c’est assortir des conseils ». La présidente de l’Ordre a d’ailleurs souhaité insister sur la complexité de cette tâche, précisant que même à l’arrêt des médicaments, leur effet n’est pas suspendu immédiatement. Elle a d’ailleurs rappelé à cet effet l’importance du Dossier Pharmaceutique dans le suivi des patients. « Nous nous engageons à ce que les pharmaciens jouent leur rôle. À l’Ordre des pharmaciens, nos canaux de communication se sont modernisés, et nous souhaitons faire usage. » a déclaré la présidente.

La convention engage ainsi, pendant trois ans, jusqu’en février 2020, le ministère des Affaires sociales et de la Santé, le ministère de l’Intérieur et l’Ordre national des pharmaciens à mieux faire connaître aux conducteurs les risques liés à la prise de certains médicaments. À cet effet, un kit de communication sera mis à la disposition des pharmaciens pour sensibiliser le public. Ce kit comprend une affiche, un film d’animation pédagogique, un dépliant destiné au public et une fiche mémo pour les pharmaciens. Ces documents rappellent les trois pictogrammes de couleur jaune, orange et rouge apposés sur les boites de certains médicaments pouvant présenter des risques pour la conduite. L’affiche « La sécurité sur la route commence sur votre table de nuit » est destinée à être apposée dans les officines des pharmaciens qui le souhaiteront. Le dépliant sera remis par le pharmacien, notamment lors de la dispensation des médicaments concernés. Enfin, les pharmaciens peuvent télécharger une vidéo d’animation et commander gracieusement les outils sur le site du Cespharm.