Démographie ordinale : un renouvellement de la profession à relativiser

Les chiffres ordinaux sont tombés : au 1er janvier 2016, le renouvellement de la profession dans toutes les filières était assuré. Derrière cette déclaration officielle, se cache une réalité moins sereine. Pourtant majoritaire d’un point de vue numérique (73,3% des inscrits à l’Ordre sont des pharmaciens d’officine, titulaires et adjoints), la filière officine n’attire plus.

Et si l’entrée des jeunes pharmaciens compense le décalage de départ à la retraite des anciens, stabilisant ainsi la moyenne d’âge à 46,6 ans, ce renouvellement reste toutefois bien moins rapide que le relèvement du numérus clausus à 3 090 laissait présager. En conséquence ce ne sont pas moins de 20 980 pharmaciens inscrits qui partiront à la retraite dans les dix prochaines années, soit près d’un tiers des effectifs (74 754 à l’issue de l’année 2015).

D’un point de vue pratique, le renouvellement de la filière officinale, où la moyenne d’âge avoisine désormais les 50 ans, est à relativiser devant le déséquilibre qui existe actuellement entre les entrées et les sorties. Le déclin annoncé de la vieille garde (le nombre annuel de pharmaciens d’officine qui atteindront 65 ans va plus que tripler entre 2016 et 2021) ne saurait être totalement compensé par la relève, hélas à la peine (seulement 30% des étudiants choisissent actuellement cette filière contre 60 à 70% il y a encore peu). Une situation qui pourrait profiter aux pharmaciens d’industrie qui, à la faveur d’un stage de 6 mois en officine, peuvent s’installer comme pharmacien titulaire, si la tendance ne venait pas à s’inverser.

En 2015, l’Ordre répertoriait 21 591 officines, soit 181 de moins que l’année précédente (ce qui représente une fermeture tous les deux jours). Malgré ce délitement qui touche préférentiellement les zones rurales (Corrèze, Orne, Haute-Marne), le maillage territorial de proximité reste toujours harmonieux (avec toutefois un infime contraste Nord-Sud). Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens, se félicite d’ailleurs qu’« aucun désert pharmaceutique de soit à déplorer », les nouveaux titulaires s’installant dans les zones délaissées par leurs ainés.