Revue de presse • Mars 2022

Additif alimentaire : quel impact sur le microbiote ? • Pollution médicamenteuse des rivières • Big Bang de la sclérose en plaques • Traitement intermittent efficace dans le VIH

Additif alimentaire : quel impact sur le microbiote ?

Des scientifiques de l’Institut Cochin ont cherché à identifier des facteurs de risques des pathologies inflammatoires chroniques de l’intestin, les prédispositions génétiques n’expliquant pas tout. Ils se sont intéressés au carboxyméthylcellulose (CMC ; E466), un émulsifiant alimentaire fréquemment utilisé dans les plats transformés pour en améliorer la texture et la durée de conservation. L’équipe avait déjà révélé, sur un modèle animal, que le CMC altérait la composition du microbiote intestinal et aggravait de nombreuses pathologies inflammatoires chroniques. Ils ont, depuis, mené une étude clinique sur des êtres humains volontaires sains divisés en deux groupes : l’un avec un régime alimentaire sans aucun additif, l’autre avec le régime équivalent supplémenté en CMC.

Les résultats ont confirmé les données issues de l’étude animale. Chez les volontaires consommant du CMC, la composition en bactéries intestinales a été modifiée avec une diminution marquée de certaines bactéries connues pour leur rôle bénéfique sur la santé. Des symptômes digestifs (douleurs abdominales et ballonnements) ont également été plus fréquemment relevés chez ces participants.

Cette équipe ambitionne d’identifier les marqueurs moléculaires de sensibilité au CMC et de réaliser des essais sur des groupes plus larges de volontaires, notamment chez des patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, pour mesurer l’impact du CMC sur eux. 


Pollution médicamenteuse des rivières

Une étude internationale a permis l’analyse de 258 rivières dans une centaine de pays. Le résultat est sans appel : toutes les rivières étudiées sont contaminées par des résidus médicamenteux. Dans ¼ d’entre elles, les taux relevés sont potentiellement néfastes pour la biodiversité aquatique. L’analyse portait sur 61 principes actifs parmi les classes les plus fréquemment utilisées : antibiotique, antidiabétique, antidépresseur, antihistaminique… Les pays les plus concernés sont ceux où l’on retrouve les usines de production pharmaceutique, mais également les pays à faible revenu où le traitement des eaux usées et des déchets est peu développé. Une raison de plus, s’il fallait, de s’alerter.


« Big Bang de la sclérose en plaques »

Des facteurs génétiques sont nécessaires au développement de la SEP mais leur présence seule ne suffit pas. Des chercheurs de l’université de Zurich ont étudié 61 paires de vrais jumeaux, dont seul l’un des deux avait développé la maladie. 

Chez les jumeaux, porteurs d’un matériel génétique identique, les différences observées sur les gènes et protéines des cellules immunitaires découlent forcément des conséquences de l’environnement.

En comparant les profils immunitaires, les chercheurs ont observé chez le jumeau malade, certains globules blancs au nombre anormalement élevé de récepteurs CD25 les rendant hyper­sensibles à la cytokine IL-2 et plus susceptibles de migrer vers le SNC et d’y provoquer des lésions.


Traitement intermittent efficace dans le VIH

L’allègement thérapeutique fait ses preuves en vue de l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. En effet, une première étude randomisée sur 636 patients suivis pendant un an vient de montrer la non-infériorité de l’approche du projet ANRS QUATOR, qui consiste en la prise d’un traitement seulement quatre jours consécutifs par semaine, par rapport à une prise standard quotidienne. 96 % des patients du groupe intermittent sont restés en succès virologique, comparables aux 97 % du groupe continu.

Une meilleure observance, une moindre toxicité médicamenteuse à long terme et une diminution de 43 % du coût des traitements anti­rétroviraux… les résultats sont encourageants.