« Nous sommes des pharmaciens qui parlons à des pharmaciens »

Ce mois-ci, la Revue Pharma s’entretient avec Philippe Ranty, président d’EG Labo, laboratoire générique leader en Europe, qui se positionne pour se faire une place en France.

La Revue Pharma : quels sont les arguments d’EG Labo pour un partenariat solide avec les pharmaciens d’officine ?

Philippe Ranty : Tout d’abord, il faut savoir qu’EG Labo est la filiale du groupe Stada, qui a été créé à l’origine sous forme de coopérative de pharmaciens. Nous sommes des pharmaciens qui parlons à des pharmaciens, nous avons un brin d’ADN en commun, ce qui nous permet de mieux cerner leurs attentes.
Nous examinons les besoins actuels des pharmaciens et nous cherchons constamment à anticiper l’évolution de la pharmacie française.

Notre stratégie se développe en 3 axes prioritaires :

  1. • Le générique : notre gamme est la 3e du marché, qui permet de couvrir jusqu’à 90 % des prescriptions.
  2. • La santé familiale et le conseil : le pharmacien trouvera un support essentiel à son conseil sans multiplier les interlocuteurs.
  3. • Les biosimilaires : avec le développement depuis 2019 d’un biosimilaire dans le traitement de l’ostéoporose.

Le pharmacien est le personnage clef. C’est l’acteur que nous connaissons le mieux et autour duquel nous voulons réunir le fruit de nos développements et de nos acquisitions pour devenir un partenaire incontournable de la pharmacie.

Est-ce que EG Labo pourrait aider le pharmacien dans les actes de soins/ services ?

Certains laboratoires pratiquent la diversification sur les services. Notre métier consiste avant tout à mettre à disposition des produits pharmaceutiques de qualité à des prix abordables. EG Labo affiche de fait une capacité de lancement exceptionnelle, dont a besoin le pharmacien.

Notamment en conseil ?

Le médicament générique s’est énormément développé, mais le potentiel est plus derrière nous que devant. L’OTC et le self-care ne connaissent pas encore la dynamique que l’on peut observer dans d’autres pays, et cela devrait changer. Les comptes au rouge de la Sécurité sociale vont nécessiter des participations volontaires et individuelles. Aussi, le pharmacien doit-il disposer d’un arsenal thérapeutique. C’est sur cette thématique que nous travaillons. Notre croissance externe nous a permis par exemple d’acquérir des gammes qui nous différencient, comme Synthol et Duofilm. Tout cela valorisera le pharmacien comme acteur de santé tout en garantissant des prix attractifs.

Ne craignez-vous pas que les groupements, en créant des marques distributeurs, vous coupent l’herbe sous le pied ?

95 % des pharmaciens appartiennent à un groupement, ce sont des acteurs très importants pour nous. Nous ne sommes pas en concurrence, mais complémentaires. Parfois, nous essayons même de les aider à concevoir des marques blanches par exemple.

Les biosimilaires et leurs substitutions sont très attendus, comment se place EG Labo à ce niveau ?

Notre position est extrêmement claire : tout à fait favorables à la substitution ! Tout comme pour le médicament générique, le biosimilaire connaîtra son développement lorsque les pharmaciens seront impliqués dans la substitution.
Sur le portefeuille produit, nous avons lancé notre premier biosimilaire en 2019, Movymia (hormone régulatrice du cycle phosphocalcique, biosimilaire de Forsteo, ndlr), sur lequel nous détenons désormais 14 % des parts de marché. Et nous avons de nombreux biosimilaires prévus pour la période 2022-2023, nous permettant d’avoir un portefeuille solide.

Ce qui représente combien de biosimilaires ?

Contrairement au générique, le biosimilaire n’est pas un marché de masse. Il faut savoir viser les produits qui représentent actuellement les plus gros potentiels, soit une petite dizaine, qui concentrent la majorité du marché. Nous n’avons pas besoin d’en avoir 800, comme pour les génériques.

Il y a une réflexion globale sur la provenance des médicaments, certains laboratoires jouent sur le « made in France » ou « made in Europe ». Comment se positionne EG Labo ?

Chez Stada et EG Labo, 95 % de notre production est localisée en Europe, dont 40 % en France. Nous sommes donc dans le « made in Europe » et nous bénéficions aussi de circuits courts, très précieux dans l’approvisionnement des officines. Pour beaucoup d’industriels, un transfert de production s’est opéré en raison de la pression sur les prix ces 20 dernières années, et il a fallu garantir un minimum de marge, alors que la sonnette d’alarme a été tirée à de multiples reprises ! Il faut savoir que si les prix diminuent trop, on ne peut plus garder la production en France. Par ailleurs, en ce qui concerne la question de la délocalisation des matières premières, elle touche en réalité plus l’industrie du princeps que du générique.
On parle donc aujourd’hui de relocalisation. L’effort est louable, mais les problématiques ne sont pas purement économiques. La délocalisation de la production de médicaments a suivi celle de l’industrie chimique, pour des raisons principalement écologiques. Il faudra un accompagnement économique et écologique.

EG Labo, filiale du groupe Stada, Bad Vilbel (Allemagne) / DR

Ne pensez-vous pas que le « made in Europe » est un argument de vente à mettre en avant ?

Le « made in France/Europe » a un impact certain aujourd’hui sur les biens de consommation grand public. Dans le cadre de la production de médicaments, c’est un peu différent et la priorité pour le pharmacien et son patient reste la qualité et la garantie d’approvisionnement. Il est donc primordial de produire en Europe et préférentiellement dans ses propres usines.
C’est la stratégie mise en place de longue date par notre groupe et EG Labo.

À quoi est due la marge de progression de EG Labo ?

Au niveau européen nous sommes un très gros acteur, alors que nous n’avons pas encore atteint ce niveau en France. Malgré nos 25 ans d’existence, nos atouts ne sont pas tous bien connus des pharmaciens. Ainsi, pour améliorer notre notoriété, nous avons lancé une nouvelle communication institutionnelle et créé un nouveau logo. Nous pouvons donc être considérés aujourd’hui comme les trublions du marché sur les offres produits. Nous affichons l’une des meilleures évolutions de 2020 sur le seul marché des génériques, et de plus en plus de groupements nous font confiance. •

EG Labo, c’est aussi…

  • Synthol
  • Syntholkiné
  • Duofilm
  • Eurax
  • Oilatum

 

  • + 16,1 % de croissance Source : GERS officine en valeur CMA, déc. 2020
  • 790 spécialités disponibles Source : Données internes
  • 95 % de production en Europe Source : Données internes