Indépendance de l’officine, pharmacien correspondant, prévention… L’USPO fait ses propositions pour le Ségur

L’Uspo a préparé une liste de sujets à discuter avec la profession le 16 juin prochain. L’objectif : promouvoir ces propositions au Ségur de la Santé.

Contrairement aux syndicats de médecins, ceux qui représentent les pharmaciens d’officine ne sont pas invités au Ségur de la Santé. À l’instar de la FSPF, qui propose un questionnaire aux pharmaciens, l’Uspo participe indirectement au Ségur en organisant un webinaire participatif, mardi 16 juin à 20 h 15, ouvert à tous les pharmaciens. Le syndicat a présenté en conférence de presse, certains thèmes qu’il souhaite aborder avec les officinaux.

« il faut créer un métier à l’hôpital : coordinateur de sortie » 

Le président de l’Uspo, Gilles Bonnefond, dénonce un système trop hospitalo-centré, ainsi que la « volonté expansionniste de l’hôpital sur la ville. (…) Il a des missions qu’il ne remplit pas, et demande de nouvelles prérogatives. » Dans le viseur du président de l’Uspo, la sortie hospitalière, mal prise en charge et ne respectant pas le choix des patients. « Je pense qu’il faut créer un métier à l’hôpital : coordinateur de sortie », propose-t-il. La ville doit garder la main sur le suivi des patients chroniques ainsi que sur les soins post-opératoires « qui doivent se faire en ville ! C’est moins dangereux par rapport aux infections nosocomiales, moins cher, et plus agréable pour le patient. Il faut que cela se fasse grâce à une équipe de soins soudée et communicative ! »

Le syndicaliste dénonce aussi la volonté de l’hôpital de créer plus de PUI, craignant qu’elles diminuent l’activité des officines de ville. « C’est une remise en cause du maillage, car certaines officines tiennent grâce à la maison de retraite », explique-t-il.

Pharmacien correspondant et exercice solitaire

Le modèle du pharmacien correspondant, qui a la possibilité de renouveler les traitements des patients chroniques qu’il suit, a été remodelé dans la loi Ma Santé 2022, et préparé par le 19e avenant conventionnel. Il ne manque plus qu’un décret. Pourtant Gilles Bonnefond prévoit que « ce décret ne conviendra pas, car il faut changer la loi ». Celle-ci soumet le pharmacien correspondant à l’exercice coordonné, soit en MSP, soit en CPTS. De même, la très attendue délivrance protocolisée est aussi réservée aux pharmaciens qui pratiquent dans des structures pluriprofessionnelles. Dans les deux cas, le syndicat désire retirer cette contrainte des textes juridiques.

Tout donner sur la prévention 

« La France se veut être première en prévention et dépistage. Alors, qu’elle laisse participer les infirmiers, les pharmaciens, la médecine du travail et tous les professionnels de santé », assène Gilles Bonnefond, qui veut, comme d’autres, ouvrir la vaccination en officine à tous les rappels de l’adulte. Il insiste également sur la forte attente des pharmaciens et de la population quant à la possibilité de réaliser des Trod en officine pour le Covid.

La fin du mille-feuille administratif ? 

L’Uspo désire simplifier les règles de dispensation, devenues particulièrement complexes. « Ce n’est plus un mille-feuille administratif, ce sont des couches sédimentaires administratives ! Chaque année, une nouvelle vient se déposer », regrette Gilles Bonnefond. « Certaines ne servent à rien et tout le monde les contourne. »

Les capitaux aux pharmaciens

Autre sujet mis en avant, l’indépendance de l’officine vis-à-vis des capitaux extérieurs. Le syndicat veut que les pouvoirs publics prennent la parole sur le sujet, dans le but d’empêcher les « manières déguisées » d’entrer dans le capital des officines. Sur ce point la dernière loi santé a offert à l’Ordre un droit de regard sur le capital des officines. Gilles Bonnefond propose d’aller plus loin : « tout accord entre associés doit être systématiquement déposé au conseil de l’Ordre ».

En plus de ces thèmes, bien d’autres propositions, allant du télésoins au maillage territorial, seront débattues mardi prochain, avec ceux qui le désirent, via webinaire.