Pharmaco-résistance : un inhibiteur de la sérotonine capable d’améliorer l’efficacité des chimiothérapies

Alors que certaines tumeurs restent résistantes aux chimiothérapies, une équipe de chercheurs du CNRS vient de montrer que la méthiothépine, inhibiteur d’un récepteur à la sérotonine est capable d’inhiber cette pharmaco-résistance. Ces résultats seront publiés dans l’International Journal of Cancer, le 1er juillet 2018.

 

Les tumeurs pharmaco-résistantes sont capables d’expulser certains principes actifs des chimiothérapies hors des cellules cancéreuses. Un rejet qui leur permet de survivre au traitement et d’aggraver le pronostic du patient. C’est la protéine membranaire Patched, qui intervient dans ce rejet de chimiothérapie, a montré l’équipe de recherche française.

La protéine Patched participe normalement au développement embryonnaire, mais elle est détournée en outil de « détoxification » dans de nombreux cancers : mélanome, surrénalome, cancer colorectal, cancer du sein… Après avoir montré que Patched contribuait activement à la résistance à la doxorubicine (antibiotique cytotoxique anthracyclinique), chimiothérapie injectable, les chercheurs ont étudié son inhibition par la méthiothépine.

Une association bénéfique

Résultat : la doxorubicine associée à la méthiothépine élimine plus efficacement les tumeurs que la doxorubicine seule, à la fois in vitro sur des cellules cancéreuses humaines, et in vivo sur ces mêmes cellules greffées dans des souris. La méthiothépine favoriserait ainsi l’accumulation du traitement dans les cellules cancéreuses, et par conséquent, son efficacité. Enfin, leurs travaux montrent que l’association des deux molécules n’augmente pas la quantité de doxorubicine dans le cœur des souris étudiées. Un bon point pour la cardiotoxicité.

La méthiothépine appartient à une famille d’inhibiteurs d’un récepteur à la sérotonine, dont certains membres sont déjà employés pour traiter la schizophrénie. L’équipe de recherche souhaite donc poursuivre ces travaux pour optimiser la méthiothépine. L’objectif sera notamment de lui faire perdre son effet inhibiteur de la sérotonine, pour augmenter sa spécificité pour Patched.

 

Selon un communiqué de presse du CNRS