Congrès FSPF : au cœur du débat politique

Le congrès de la fédération des syndicats des pharmaciens d’officine s’est tenu à Nantes le week-end du 22 octobre. Si le sujet de la rémunération des pharmaciens a, de nouveau, alimenté les tables rondes, c’est l’ombre de la politique qui s’est surtout mise à planer au-dessus de tous les débats. Invitées par le président Philippe Gaertner à débattre sur la vision de la santé pour leurs familles politiques respectives, Catherine Lemorton (Parti socialiste et soutien d’Arnaud Montebourg), présidente de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale depuis 2012, et Claude Greff, déléguée générale aux Affaires sociales pour Les Républicains (LR, soutien de Nicolas Sarkozy) ont clairement joué le jeu.

Catherine Lemorton, qui a revendu son officine l’été dernier pour se concentrer sur la politique, a introduit le débat en signalant que « tous les politiques élus dans les territoires français angoissent à l’idée de voir le corps médical vieillir et partir à la retraite. Pour ces raisons, la question du transfert de compétences au pharmacien d’officine ne doit plus se poser », et notamment sur la question de la vaccination. « Entendre à la radio, à une heure de grande écoute, un médecin s’inquiéter du fait que le pharmacien pourrait piquer son patient dans la veine jugulaire (et ainsi mettre sa vie en danger) n’a aucun sens » s’exclamera-t-elle, générant les rires des pharmaciens présents pour assister à ce débat. L’économie de l’officine n’a pas été épargnée : pour la pharmacienne, le rôle des politiques est de « prévoir ce qu’il va se passer pour ne pas trier les malades devant l’accès à l’innovation. » Un message à nouveau applaudi par l’auditoire.

De son côté, Claude Greff, suggère que les missions des professionnels de santé doivent être redéfinies, estimant que « globalement, personne n’est satisfait à ce jour. » Elle précise : « Refonder le système social paraît obligatoire : notre santé n’a pas de prix mais la santé a un coût. » Au nom de sa formation politique, elle promet d’arrêter le tiers-payant généralisé si Les Républicains accèdent à la présidence, et s’inquiète de voir la vaccination pratiquée par les pharmaciens. On relèvera le flou autour de la liberté d’installation des pharmaciens, voulue par Madame Greff qui reviendra aussitôt sur ses propos, ayant mal compris la question du modérateur, l’économiste Jean-Jacques Zambrowski (ou serait-ce face à la huée des pharmaciens, visiblement contre cette idée ?).

À ces deux femmes, Philippe Gaertner a, quant à lui, demandé de porter les trois piliers de l’officine auprès de leurs partis : garantie du monopole de dispensation, du maillage territorial et du capital, pour un pharmacien protégé et indépendant.