L’anesthésie aggrave-t-elle le risque de démence ?

Du fait de l’action ciblée des produits anesthésiques sur l’état de conscience et de vigilance, on redoute par principe des complications en neuropsychiatrie, en particulier neurodégénératives.

Réalisée à Taïwan, une étude rétrospective vise à déterminer si le risque de démence augmente après anesthésie et chirurgie, et à évaluer les liens possibles entre ce risque neurodégénératif, l’âge du patient, le mode d’anesthésie et le type de chirurgie. Les auteurs ont donc comparé l’évolution dans une cohorte d’environ 25 000 personnes de plus de 50 ans avec antécédents d’anesthésie et chez un groupe contrôle de plus de 110 000 sujets.
Cette étude montre que les personnes qui ont subi une anesthésie et une intervention chirurgicale ont un risque de développer une démence multiplié par deux. Cette augmentation du risque est sensiblement identique chez les hommes et chez les femmes. Et sans surprise, ce risque se révèle plus marqué en cas d’anesthésie générale ou régionale que locale, et chez les patients ayant reçu une anesthésie par voie intraveineuse ou intramusculaire.
Alors que ces interventions concourent à sauver des patients, et donc à renforcer leur espérance de vie, cet allongement de l’existence représente lui-même un facteur de risque notoire pour les processus neurodégénératifs.

British Journal of Psychiatry, vol. 204, pp. 188-93