Pas fou, le bilingue !

En Inde, les langues sont généralement acquises simultanément et utilisées en parallèle. D’où une exceptionnelle diversité linguistique.

Un travail rétrospectif y a inclus 648 sujets (424 hommes et 224 femmes) atteints de démence (Alzheimer n = 240, démence frontale n = 116, vasculaire n = 189, à corps de Lewy n = 55 ou mixte n = 48) diagnostiquée entre 2006 et 2012. L’histoire linguistique et le niveau d’éducation des malades avaient été recueillis auprès des familles. L’âge moyen de l’apparition des symptômes de démence est ici de 66,2 ans (32 à 92 ans) et l’ancienneté de la maladie va de six mois à onze ans (moyenne 2,3 ans ± 1,8), 85 % des sujets sont alphabétisés, 26 % vivent dans des zones rurales, 391 (60,3 %) sont au moins bilingues (26,2 % : deux langues, 25 % : trois langues et 9,1 % : quatre langues ou plus). Les symptômes de démence sont apparus 4,5 ans plus tard chez les sujets bilingues que chez les monolingues (65,6 ans vs 61,1 ans). Il y avait 3,2 ans de différence pour l’âge au début des symptômes concernant la démence d’Alzheimer (68,6 vs 65), 6 ans pour la démence frontale (61,6 vs 55,6) et 3,7 ans pour la démence vasculaire (60,7 vs 57). Parler plus d’une langue paraît induire un meilleur développement de la zone du cerveau responsable du raisonnement et de l’attention, qui pourrait contribuer à protéger de la démence. Connaître trois langues ou plus ne donne toutefois pas d’avantage supplémentaire par rapport à la connaissance de deux langues. Les auteurs espèrent que ces résultats stimuleront les recherches portant sur l’interaction entre bilinguisme, cognition et démence.

Neurology, vol. 81(22), pp. 1 938-44.