URPS pharmaciens, par essence coopérative

BPCO, diabète, HAD, dossier médical personnel… depuis sa création, en 2011, l’URPS Pharmaciens Nord-Pas-de-Calais est sur tous les fronts. Objectif : œuvrer pour une meilleure organisation régionale des soins.

Chiffres clés

  • 12 élus
  • 1 pharmacien non élu, volontaire, en charge de la HAD
  • 2 salariées
  • 1 667 pharmaciens représentés
  • 300 réunions entre avril 2011 et décembre 2013
  • 1 projet inter-URPS initié en juin 2013

Elle a de l’énergie à revendre, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Pharmaciens Nord-Pas-de- Calais. Entre avril 2011 et décembre 2013, les douze élus du bureau ainsi ont participé à plus de 300 réunions dans la région. Éric Bot, son trésorier, ne compte plus les allers-retours Lens-Lille. « Dès la création de l’URPS, il a été décidé d’assister à toutes les réunions auxquelles nous étions conviés, précise ce titulaire à Loison-sous-Lens. Nous voulions à tout prix éviter la politique de la chaise vide. Et puis, nous étions novices dans le fonctionnement de l’ARS, dans le décryptage des politiques régionales de santé, des financements publics… Nous avions tout à apprendre. » Mais la soif de connaissances n’est pas l’unique raison de ce stakhanovisme. Créée dans le cadre de la loi HPST, cette URPS Pharmaciens s’est constituée dans l’ombre de l’imposante URPS Médecins libéraux. Seuls professionnels de santé déjà constitués, avant la loi HPST, en Unions régionales des médecins libéraux (Urmel pour le Nord-Pasde- Calais), les médecins possèdent une véritable force de frappe.

Coopérer… sans allégeance

« Avec soixante élus, une vingtaine de salariés et une expérience de quinze ans des politiques régionales, l’URPS Médecins libéraux est particulièrement dynamique dans le schéma régional d’organisation des soins (Sros) », constate Éric Bot. Pour Jean-Marc Lebecque, président de l’URPS Pharmaciens, les pharmaciens doivent « travailler en concertation et profiter de l’expérience des médecins, mais sans allégeance. » « Locaux, informatique, règlement intérieur, déclarations administratives, assurances, comptable, mobilier… nous sommes vraiment partis de zéro, se remémore Jean-Marc Lebecque. Il a fallu appréhender une nouvelle culture administrative faite de sigles (Sros, Copil, PRS…) et de procédures, se créer un réseau au sein des URPS, gagner en notoriété, identifier les interlocuteurs régionaux, les sources de financement… Tout cela ne s’est pas fait en un jour. » Alors qu’elle se constituait un réseau parmi les acteurs régionaux de santé, l’URPS Pharmaciens Nord-Pas-de-Calais a eu une mauvaise surprise. « Le financement officiel prévu par l’Urssaf était de 260 000 €, explique Éric Bot. Nous n’avons reçu à ce jour que 160 000 € par an. L’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), qui centralise le recouvrement des contributions, n’est pas parvenue à identifier tous les pharmaciens redevables. Il nous manque entre 400 et 500 contributions sur les 1 667 pharmaciens (titulaires et co-titulaires) de la région. » En avril 2013, l’URPS a recruté une secrétaire et une chargée de mission diplômée d’ingénierie de la santé. Leur première mission consiste à retrouver les « oubliés » de l’Urssaf. Pour Fanny Maes, chargée de mission, ces difficultés perturbent le bon fonctionnement de la structure : « La cotisation obligatoire des pharmaciens assure à notre URPS une indépendance et une autonomie pour mener à bien nos actions. Bien sûr, il existe d’autres sources de financement comme les subventions d’organismes publics (conseil régional, ARS…) mais, à ce jour, l’URPS Pharmaciens ne dépend que des cotisations. »

Une maison au cœur de Lille

Ce manque à gagner a également compliqué le financement du projet de maison des URPS. En décembre, l’URPS Pharmaciens et les URPS de la région (médecins, biologistes, infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues et sages-femmes) se sont regroupés sur 600 m2 dans le vieux Lille et ont mutualisé certaines ressources (secrétariat, serveur informatique, salles de réunion…) et renforcé les collaborations. « Se retrouver sur un site unique est la consécration de trois années de construction et d’expérimentation de nos nouvelles missions », s’enthousiasme Jean-Marc Lebecque. C’est aussi au contact des autres URPS qu’est né le projet inter-URPS sur le diabète.

Dans le cadre du programme régional Diabevi 2013-2017 piloté par l’ARS Nord-Pas-de-Calais, l’URPS Pharmaciens a soumis à l’ARS, en juin 2013, l’idée d’actions inter-URPS sur le repérage, le dépistage des diabètes de type 2 et gestationnel et la prévention des complications du patient diabétique. « C’est notre acte fondateur, commente Fanny Maes. Pour la première fois, l’URPS Pharmaciens est porteur d’un projet régional. Jusqu’à présent, chaque plan d’actions émanait de l’URPS Médecins. Des fiches d’action ont été réalisées par les URPS, un argumentaire a été rédigé. Ne reste que le financement. » À l’exception du programme régional Diabevi dont les orientations sont bien définies, le pharmacien nordiste peine parfois à s’y retrouver dans la jungle des projets menés par l’ARS. « On manque de visibilité, estime Éric Bot. Entre les actions menées individuellement par les pharmaciens, les opérations des groupements, les campagnes de l’ARS ou d’autres instances, il est quelquefois difficile d’harmoniser les plans d’action. »

Cacophonie régionale

L’exemple le plus parlant concerne la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). L’URPS Médecins pilote actuellement, avec les autres URPS, une expérimentation de dépistage précoce dans la région de Liévin. En parallèle, la Mutualité française va lancer, en mars, une expérimentation de détection de la BPCO en pharmacie en Rhône-Alpes, Bretagne et Nord-Pasde- Calais. En fonction du résultat, un diagnostic sera confirmé par un médecin. Les pharmaciens recevront, de la Mutualité française, une indemnité proportionnelle au nombre de détections réalisées. « Ce sont des opérations menées par deux organismes avec la même finalité, note Fanny Maes. Pour le patient et le pharmacien, ce sont des doublons. Il y a une effervescence des projets dans la région. Attention à ce qu’elle ne se transforme pas en cacophonie. » Dans certaines zones, les pharmaciens ont également l’impression de ne pas bénéficier des programmes pilotés par les URPS. L’ARS a découpé la région en quatre territoires : l’Artois-Douaisis, le Hainaut-Cambrésis, le Littoral et la Métropole-Flandre intérieure, avec dans chacune des zones de proximité. Or, que ce soit pour le diabète, la BPCO, le cancer ou l’obésité, les données épidémiologiques recueillies ciblent les mêmes zones prioritaires.

Boîte à idées

« Il est de notre devoir d’informer les pharmaciens des politiques régionales de santé. Nous sommes le relais de l’ARS au niveau local, insiste Fanny Maes. Il est aussi de notre responsabilité de faire remonter à l’ARS les desiderata des pharmaciens. C’est le cas avec la problématique des Dasri. Nous avons envoyé aux pharmaciens un questionnaire pour dresser un état des lieux. 80 % des répondants ont demandé une formation sur la réglementation des Dasri et des accidents d’exposition au sang (AES). »

Véritable boîte à idées, l’URPS Pharmaciens Nord-Pas-de-Calais décline les missions avec toute l’énergie de sa jeunesse. Chantre de l’interprofessionnalité, la structure représente également parfaitement les différentes sensibilités syndicales. Cinq membres de la FSPF, six de l’USPO et un de l’UNPF composent ainsi le bureau. « Qu’importe notre étiquette syndicale, nous n’oublions pas que notre mission est de nous mettre au service des pharmaciens dans un contexte particulièrement difficile, observe Jean- Marc Lebecque. L’avancée des actions de santé publique sur le terrain, en partenariat avec l’ensemble des professionnels de santé de premier recours, est notre unique satisfaction ».