Numéro 230 – Octobre 2025

ÉDITO

Dans les vieux pots

Ce matin, j’ai feuilleté un vieux numéro de La Revue Pharma. Octobre 2008, numéro 27 : même calendrier et même débat automnal autour du PLFSS dans nos colonnes. Et parmi les mesures phares de cette cuvée 2008 : entre la réduction des arrêts maladie et des mesures pour favoriser le regroupement des officines, l’introduction de la franchise médicale. « Au 1er janvier 2008, le patient déboursera donc 0,5 euro pour chaque boîte de médicaments délivrée ».

18 ans plus tôt, aux mêmes maux, les mêmes promesses. Non, la franchise n’entend pas rationaliser les patients, elle n’est qu’une façon de les « responsabiliser », selon la ministre de la Santé d’alors, Roselyne Bachelot, pendant que Nicolas Sarkozy annonçait lui, que les 850 millions d’euros des franchises seraient consacrés au financement du plan Alzheimer et de la lutte contre le cancer.

18 ans plus tard, les franchises fêtent leur majorité, et force est de constater que les malades n’ont pas fini d’être responsabilisés. Le gouvernement Lecornu – suivant les pas de François Bayrou cet été – entend passer la franchise sur la boîte de médicaments à 2 euros, après une évolution à 1 euro en 2024. Mieux : plus question de la prélever de manière indolore, la franchise pourrait être directement collectée au comptoir des pharmacies…

Face à la colère des malades et des soignants, l’exécutif, lui, assume cette mesure inflammable. Le reste à charge ? Oui, mais « 42 euros par an, soit environ 3 euros de plus par mois », se défend Bercy. Ce à quoi France Assos Santé répondait dès cet été : « taxer la maladie n’est pas une politique de santé publique ». ■

Par Léa Galanopoulo, rédactrice en chef