Le Budget de la Sécu définitivement adopté : quelles victoires pour les pharmaciens ?

Il est passé sur la corde. Après 3 mois de débats et de tensions, le Budget de la Sécu pour 2026 a été définitivement adopté à l’Assemblée nationale le 16 décembre, à 15 voix près.

Le vote du PLFSS est « une issue positive pour la pharmacie d’officine », salue Philippe Besset, président de la FSPF qui se félicite que le parlement a adopté « toutes les mesures de protection du réseau que nous défendions ».

« L’adoption du PLFSS 2026 marque un tournant décisif pour la pharmacie d’officine », estime Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, saluant « une victoire syndicale majeure ».

Victoire confirmée sur les remises

Il faut dire qu’après une année de tous les dangers, les pharmaciens soufflent un peu, et peuvent notamment se féliciter de l’inscription du plafond des remises dans la loi. D’une seule voix, les députés ont donc adopté cette mesure qui inscrit les plafonds de remises à 40 % pour les génériques et à 20 % pour les biosimilaires.

Pour Pierre-Olivier Variot, cette inscription législative « met fin à une instabilité réglementaire permanente et garantit aux officines une visibilité économique durable, à l’abri de simples arrêtés ministériels ». « Cette ressource essentielle pour le réseau sera ainsi protégée d’une décision règlementaire arbitraire similaire à celle prise par le Gouvernement Bayrou », abonde la FSPF.

Renforcer le rôle des pharmaciens

Autres mesures adoptées par les députés : l’extension, au-delà des seuls territoires fragiles, de l’aide conventionnelle de 20 000 euros aux officines en difficulté – « qui bénéficiera à environ 800 officines supplémentaires », note Philippe Besset – mais aussi l’élargissement de la possibilité de créer des antennes de pharmacies dans les zones sous-denses. Dans la même veine, les officines pourront être labellisées « France Santé », ces structures de soins de premiers recours créées par le gouvernement Lecornu.

Côté nouvelles missions, le Parlement a acté la généralisation du dispositif OSYS à toutes les pharmacies et à d’autres situations que la cystite ou l’angine. Rhinite allergique, plaies, brûlures, conjonctives pourraient être concernées. « Cette évolution reconnaît pleinement la compétence du pharmacien et contribue directement à la diminution des passages inutiles aux services d’urgence », se félicite l’USPO.

Et côté médicament ?

Pour accélérer le développement des biosimilaires, le Budget de la Sécu introduit un dispositif de « tiers payant contre biosimilaires », ainsi que la prescription en DCI et la limitation de la mention « non substituable », sur le modèle de ce qui existe déjà pour les génériques.

Toutefois, cette année encore, les pharmaciens n’échapperont pas aux traditionnels coups de rabots sur le médicament. Les économies sur l’ensemble des produits de santé « s’élèveront à un niveau record de 2,3 milliards d’euros », regrette Philippe Besset, qui souligne que « ce montant sans précédent rend d’autant plus indispensable la refonte du modèle de rémunération de l’officine ».

Vaccin grippe obligatoire

Enfin, et sous réserve d’avis de la Haute autorité de santé, la vaccination contre la grippe deviendra obligatoire pour les professionnels de santé libéraux, dont les pharmaciens, et « les personnes employées dans le même lieu d’exercice ». Les salariés de l’officine devraient donc être concernés.

Le PLFSS introduit également une dérogation permettant aux médecins, sages-femmes et infirmiers de détenir et stocker directement des vaccins, en vue de leur administration en cabinet. Un décret en Conseil d’État viendra fixer la liste des vaccins concernés, ainsi que leurs conditions d’approvisionnement, de conservation et de traçabilité.

Qu’attendre en 2026 ?

Alors que la profession attend début 2026 les résultats de la mission IGAS-IGF sur l’économie de l’officine, la FSPF se dit « déjà à l’œuvre pour bâtir un modèle qui protègera le réseau de ces baisses de prix et pour mettre enfin un terme aux fermetures en cascade ».

L’USPO pour sa part salue les résultats du Budget de la Sécu, « un socle indispensable à l’ouverture, désormais incontournable, de la prochaine négociation conventionnelle ».