Poupée vaudou, pouvoir maléfique des marabouts et pensées-prières : une pharmacienne titulaire de Bretagne a été condamnée à cinq ans d’interdiction temporaire d’exercer pour des faits de « charlatanisme ». Une décision confirmée en mars dernier par la chambre disciplinaire du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
Tout commence par la plainte d’une patiente à l’été 2023. Deux mois plus tôt, en juin, elle est reçue dans le hall de l’appartement de la pharmacienne, situé à l’arrière de l’officine pour une consultation de nutrition, à l’issue de laquelle la titulaire lui remet un flyer.
Le document de quatre pages – sur lequel figure le nom et la photo de la pharmacienne bretonne – énumère une flopée de théories confuses « telles que la nécessité de booster son “taux vibratoire” mesuré en “unité Bovis” pour aller vers la guérison », rapporte l’Ordre. Aussi, le document « donnait des exemples de magie noire, exposant notamment le pouvoir maléfique des marabouts et des poupées vaudou en les associant à des “unités Bovis”, et proposait de lire des textes à voix haute, parmi lesquels figurait un “protocole de libération en lien avec covid-graphène, l’injection et l’au-delà” ».
Cinq ans d’interdiction d’exercer la pharmacie
À la suite du signalement de la patiente, le président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bretagne a ainsi formé une plainte contre la titulaire pour « charlatanisme ». En février 2024, la chambre régionale la condamne à une interdiction temporaire d’exercer la pharmacie pendant une durée de cinq ans.
La titulaire fait appel, mais la chambre nationale confirme la sanction considérant que la pharmacienne avait « par sa présence sur ce document, laisser utiliser sa qualité de pharmacien pour cautionner des théories dépourvues de tout fondement scientifique ». La titulaire avait soutenu que son nom avait été apposé sur le flyer à son insu, mais « ne s’était toutefois jamais désolidarisé ni de son auteur, ni de son contenu », rapporte le CNOP.
Aussi, la chambre disciplinaire a également estimé « qu’en distribuant ce document, le pharmacien avait adopté un comportement de nature à mettre en danger la santé de patients susceptibles de se fonder sur ces théories et procédés pour se soigner et qu’il n’avait, en tout état de cause, pas contribué à la lutte contre le charlatanisme ». Par son comportement, la pharmacienne a ainsi « gravement déconsidéré la profession et favorisé une pratique contraire à la préservation de la santé publique ».
D’autant plus que la titulaire bretonne avait déjà été sanctionnée par le passé, en première instance puis en appel, pour avoir distribué des flyers vantant les mérites d’une « eau anti-covid ».


