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« Nous appelons à une mobilisation collective » : la santé mentale des étudiants en pharmacie au plus bas

« Nous appelons à une mobilisation collective pour la santé mentale des étudiants en pharmacie », a lancé Clémence Tarrillon, vice-présidente en charge des affaires sociales à l’Association des étudiants en pharmacie de France, le 17 juin, à l’occasion de la publication d’une étude sur la santé mentale réalisée par l’Anepf.

Après avoir sondé 1 648 étudiants en pharmacie dans toute la France, entre le février et mars 2025, l’association pointe des chiffres édifiants sur la santé des futurs pharmaciens. Ainsi, 23 % des jeunes présentent une symptomatologie anxieuse certaine, 14 % des symptômes dépressifs et « plus d’un étudiant en pharmacie sur deux a déjà fait une crise d’angoisse », révèle Clémence Tarrillon. « Les études m’ont bouffé », témoigne un étudiant. « C’est la constance angoisse de ne pas assez réviser, même dormir parait être une perte de temps », souligne un autre.

Automutilation, suicide…

Un mal-être qui va jusqu’à l’automutilation. 10 % des étudiants en pharmacie affirment ainsi s’être déjà automutilé, 31 % ont déjà eu des pensées suicidaires et 36 futurs pharmaciens sont déjà passés à l’acte. « J’ai souvent des idées noires de vouloir disparaître ou bien mourir », écrit l’un d’entre eux. « Je me suis déjà demandé si cela ne serait pas plus facile, en conduisant sur l’autoroute de mettre un grand coup de volant pour que cette boucle infernale se termine enfin », témoigne un autre.

Pour endiguer cette urgence sanitaire, l’Anepf demande de renforcer les moyens mis sur la table pour la santé mentale des étudiants, mais aussi de garantir la présence d’un psychologue sur chaque campus de France, ou encore d’augmenter globalement le nombre de psys dans les Service de la Santé Universitaire (SSE).

Aussi, l’association réclame la possibilité pour chaque étudiant de pouvoir s’absenter 4 jours par an, sans justification, pour faire face aux épreuves de la vie. Une possibilité déjà offerte par la fac de pharmacie de Nancy.

Les difficultés au comptoir

En stage ou à la fac, les étudiants en pharmacie doivent aussi faire face au mal-être des patients ou de leurs camarades, « parfois sans filet de sécurité », souligne Valentin Masseron, porte-parole de l’Anepf. « La réputation de vendeur de Doliprane nous fait, une fois de plus, défaut, alors qu’en stage nous sommes confrontés à la mort, à des proches endeuillés, à la nudité… », ajoute Valentin Masseron. Ainsi, 58 % des étudiants confrontés à un mal-être au comptoir s’estiment insuffisamment formés sur le sujet.

« Un patient m’a annoncé qu’il voulait mettre fin à sa vie avec du Doliprane, je n’ai pas su comment réagir », illustre l’un des étudiants. L’Anepf réclame ainsi de toute urgence la mise en place de modules de formation sur la santé mentale et l’accompagnement du patient au comptoir, mais aussi à former les maîtres de stage en officine à recueillir le mal-être de leurs étudiants.

Alors que les dispositifs d’aide psychologique existent dans les facs, ils restent encore très mal connus des étudiants. 58 % d’entre eux se disent insuffisamment informés.

L’Anepf lancera donc un numéro d’orientation et de renseignement « le plus rapidement possible », pour orienter les étudiants vers les plateformes dédiées à la santé mentale.

Les résultats de l’enquête et les propositions de l’Anepf ont été transmis au doyen des facs de pharmacie, pour tenter de faire bouger les lignes.