C’est un coup de massue. Vendredi 20 juin dans l’après-midi, les syndicats de pharmaciens ont appris que le gouvernement envisageait d’abaisser le plafond des remises génériques à 20-25%. Des « annonces aussi incompréhensibles qu’inacceptables », dénonce la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), faites à l’occasion d’une réunion entre le ministère de la Santé, les représentants des industriels de santé, les grossistes-répartiteurs et les pharmaciens d’officine.
Ce plafond devrait concerner à la fois les remises génériques, mais aussi les médicaments hybrides. Une mesure d’économie prise par l’État suite à l’alerte du comité de suivi de l’Ondam, qui mettait en garde le 18 juin contre un risque « sérieux de dépassement » des dépenses en 2025. « Les sempiternelles baisses de prix ne suffisent plus », tacle la FSPF.
Une menace pour l’économie des officines
En s’attaquant au plafond des remises générique, le gouvernement fait planer « une menace sur la viabilité économique de nombreuses officines, en particulier dans les territoires ruraux et périurbains », s’inquiète l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), estomaquée elle aussi par cette mesure.
« L’équilibre économique du générique repose sur un modèle fragile : des prix déjà très bas associés à des remises permettant aux officines de supporter leurs charges croissantes », rappelle l’USPO. Or, « la baisse des remises inexorablement imposée par les génériqueurs pour compenser des baisses de prix sera à l’origine de nombreuses défaillances de pharmacies menant potentiellement à des licenciements au sein des équipes et à des non-renouvellement de postes », anticipe encore l’USPO.
« Le Gouvernement (…) veut priver l’officine d’une ressource essentielle à son fonctionnement, tout en lui demandant d’assumer un nombre croissant de missions ! », abonde la FSPF.
Quid des remises biosimilaires ?
En contrepartie, l’exécutif a promis de compenser la baisse des remises génériques par de nouvelles remises sur les médicaments biosimilaires. Un argument, « qui ne tient pas », selon la FSPF, car « non seulement ce marché naissant n’exprimera son potentiel qu’à long terme, mais le plafond de remises annoncé ne serait que de 15 % ».
Ces compensations sont une « illusion » et « une erreur stratégique », abonde l’USPO, qui soutient que le déploiement des biosimilaires « est très hétérogène, concentré essentiellement autour des établissements hospitaliers. Par ailleurs, ils restent quasi-absents de nombreuses officines rurales, contrairement aux génériques qui eux sont omniprésents ».
Appel à la contestation
Ces coups de rabot budgétaires ne concernent pas que les pharmaciens. Les médecins spécialistes, les kinés ou encore les chirurgiens-dentistes ont également appris qu’ils seraient privés jusqu’en janvier 2026 de revalorisations tarifaires, pourtant prévues début juillet dans leurs accords conventionnels. Une « trahison » pour les Libéraux de santé, qui appellent « toutes les professions libérales de santé à la mobilisation et à se préparer à la contestation ».
La FSPF appelle d’ores et déjà « les 90 syndicats départementaux adhérents et, plus largement, les pharmaciens d’officine à se mobiliser le 1er juillet, au côté de l’ensemble des professions libérales de santé, et à se préparer à la contestation ». L’USPO se dit également « prête à mobiliser l’ensemble des pharmaciens ».