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Vente en ligne de médicaments : la profession contre-attaque et lancera « Ma Pharmacie en France » en octobre

Petite révolution dans le monde de la pharmacie ? Comme un pied de nez aux attaques des plateformes pour vendre en ligne des médicaments, l’ensemble de la profession lancera en octobre prochain « Ma Pharmacie en France ». Un portail, ouvert à toutes les officines de l’Hexagone, pour vendre de l’OTC, organiser la livraison de médicaments ou encore mettre à disposition des prises de rendez-vous.

Ce 22 mai, Federgy – qui représente 19 groupements et 11 000 officines –, les syndicats de la profession (FSPF, USPO, CNGPO, UDGPO) et La Poste Santé et Autonomie ont officiellement créé la société commune « Ma Pharmacie en France ». Une signature fruit de 15 mois de discussions. « Nous sommes ravis ! Les pharmacies doivent prendre en main leur destin et cela ne pouvait pas se faire sans convaincre l’ensemble de la profession », s’est félicité Alain Grollaud, président de Federgy, à l’initiative du projet.

« Pas une plateforme de e-commerce »

Dans le détail, cette application numérique « n’est pas une plateforme de e-commerce, mais un portail », précise Philippe Dorge, directeur général adjoint en charge de la branche Services-Courrier-Colis chez La Poste. « Ma Pharmacie en France », proposera un panel de services aux pharmaciens et aux patients, articulé en 4 grandes briques :

La livraison de médicaments à domicile, suite à la dispensation d’une ordonnance à l’officine. La livraison sera gérée par les 60 000 facteurs de La Poste, partout en France.

La vente en ligne de médicaments hors prescription, de produits de parapharmacie et de dispositifs médicaux. « C’est une demande sociétale, nous ne pouvons pas aller contre, mais les patients devront choisir leur pharmacie », souligne Alain Grollaud. Un patient de Marseille ne pourra pas commander dans une officine à Paris par exemple.

Un agenda, pour prendre en ligne des rendez-vous de vaccinations, d’actes de prévention ou d’entretiens pharmaceutiques par exemple.

De la communication, autour de messages de santé publique, d’accès aux pharmacies de garde et des missions.

« Le portail sera ouvert à toutes les pharmacies de France, qu’elles soient syndiquées ou non », poursuit Alain Grollaud. Le tout pour un abonnement autour de 50 euros par mois. Les patients devront s’acquitter des frais de livraison, qui seront les mêmes partout en France.

De la livraison, et non de la dispensation

Pas question pour « Ma pharmacie en France » de promouvoir l’ubérisation de l’officine, car « le patient, sur Google, n’entrera jamais par le produit, mais par sa pharmacie, où il a l’habitude de se rendre », tient à souligner Alain Grollaud.

Une fois le produit commandé par le patient, l’officine prépare la commande et « le portail sera interopérable avec les LGO, pour que le pharmacien reçoive un pop-up sur son écran », précise Guillaume Bosc, directeur général de « Ma Pharmacie en France ». « Le colis doit être un paquet scellé et opaque et les facteurs sont formés à cela », ajoute-t-il.

Pour les médicaments, « ce portail n’est pas un outil de dispensation, qui doit se faire avec la carte vitale et l’ordonnance originale », souligne pour sa part Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.

Un téléservice pour accompagner le patient et le conseiller sera également mis en place.

À terme, d’autres services devraient voir le jour : utilisation de l’intelligence artificielle pour détecter les fausses ordonnances ou les interactions médicamenteuses, préparation de la sortie hospitalière ou encore dépannage de produits manquants entre confrères.

Quelles lignes rouges ?

Le lancement de ce portail piloté directement par la profession, « est aussi une façon de couper l’herbe sous le pied de ceux qui veulent voir la pharmacie comme un commerce et non un professionnel de santé », avance Pierre-Olivier Variot. « Ouverture du monopole, vente en ligne : il y a des dangers de toute part pour la profession, nous ne souhaitons pas que les géants américains œuvrent pour nous », abonde Fabrice Camaioni, vice-président de la FSPF.

Les syndicats affirment ainsi qu’ils resteront vigilants quant au respect de la déontologie et de l’éthique. Les lignes rouges ? Le refus d’un stock déporté (type entrepôt Amazon NDLR), le respect du libre choix du patient ou encore le refus d’un référencement par produits.

Au lancement en octobre, les pharmaciens et les équipes de La Poste espèrent avoir entre 3500 à 4000 officines inscrites sur le portail.