Une « vive inquiétude ». Dans une lettre ouverte, adressée au ministre de la Santé et au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, l’UFC-Que choisir et les associations CLCV et Familles rurales ont exprimé leur crainte de voir disparaitre les notices papiers des boîtes de médicaments, remplacées par des versions numériques, accessibles en scannant un QR code. Une piste envisagée par la Commission européenne dans le cadre du « paquet législatif pharmaceutique », sa grande révision de la législation pharmaceutique européenne.
« La dématérialisation des services de santé peut constituer une avancée, à condition qu’elle ne se fasse pas au détriment de l’accès de tous à une information claire, immédiate et indépendante », déplorent ainsi les trois Associations, préoccupées pour les personnes âgées, plus exposées à la précarité numérique, ou celles mal desservies.
« Le numérique doit rester un outil additionnel, complémentaire et jamais un substitut imposé. À défaut, les inégalités dans l’accès à l’information médicale seraient accentuées. Ce serait une nouvelle fracture sanitaire, technologique cette fois, venant s’ajouter à celles que connaît déjà notre système de santé. »
Les trois Associations appellent ainsi « les pouvoirs publics à soutenir, dans la cadre des discussions au sein du Conseil de l’UE sur la révision du paquet pharmaceutique, le maintien sans condition de la notice papier dans toutes les boîtes de médicaments, sans exception, ni logique de substitution progressive ».
Une phase pilote en France à partir d’octobre
Dans la continuité cette réforme européenne, l’ANSM avait annoncé, en fin d’année dernière, le lancement en octobre 2025 d’une phase pilote de deux ans au cours de laquelle plusieurs médicaments de ville seront dotés à la fois d’une notice papier et numérique.
Paracétamol, statines, IPP, vaccins, au total 173 références devraient rentrer l’expérimentation de cette e-notice en officine. La liste est accessible sur le site de l’ANSM.
L’objectif selon l’Agence, évaluer, « en lien avec les associations de patients, les professionnels de santé, les industriels du médicament, (…) l’utilisation des notices dématérialisées, leur accessibilité et l’intérêt de nouveaux supports d’information ».
À noter qu’une expérimentation simultanée aura lieu à l’hôpital, avec 450 spécialités concernées, cette fois uniquement dotées d’une notice numérique.
« Il n’est pas question de supprimer les notices dans les boîtes de médicament en ville »
Lors de son live hebdomadaire le 18 avril, Philippe Besset, président de la FSPF s’est voulu rassurant. « Il n’est pas question de supprimer les notices dans les boîtes de médicament en ville », a-t-il voulu clarifier, précisant qu’il travaillait depuis un an sur le sujet avec l’ANSM.
« Le sujet est de supprimer les notices papier dans les médicaments à l’hôpital, et, en ville d’expérimenter l’ajout d’un code barre sur la boîte, en plus de la notice papier », souligne Philippe Besset. Un QR code qui pourrait renvoyer vers des infos réglementaires mises à jour, des vidéos ou des formations pour les patients. « La notice papier, elle, reste bien à l’intérieur de la boîte, ne vous inquiétez pas ».
