À l’occasion de la présentation de son baromètre annuel sur le premier recours ce 28 janvier, Nères – qui représente les laboratoires commercialisant des produits sans ordonnance – a de nouveau plaidé pour le délistage d’une centaine de molécules en France.
« Nous voulons développer le réflexe pharmacien chez les Français, mais, pour cela, il faut équiper le pharmacien d’un arsenal de produits », a souligné Paul-François Cossa, président de Nères et directeur général d’Opella. Un accès à des molécules jusqu’alors disponible uniquement sur ordonnance, qui permettrait également de désengorger les cabinets médicaux, a fait savoir Nères.
« Nous sommes désormais à un tournant »
En France, une centaine de molécules sont aujourd’hui accessibles sans ordonnance, « soit deux fois moins en moyenne que chez nos voisins européens », rappelle Paul-François Cossa. Depuis plusieurs années, Nères appelle les autorités à délister une centaine de molécules dans l’Hexagone, « mais sans déremboursement (lorsqu’il y a une prescription NDLR), sur le modèle Doliprane », illustre encore le président de Nères.
Douleurs menstruelles, digestives, allergie, mycose vaginale, certains triptans : cette liste a déjà été transmise aux autorités et les discussions entre les labos, le ministère de la Santé et l’ANSM avancent bien.
« Je pense que nous sommes désormais à un tournant : jamais le délistage n’a été autant présent dans les discussions. Notre souhait est de clore rapidement les discussions, l’ANSM est prête à faire bouger les choses », rapporte Paul-François Cossa.
Économie de temps et d’argent
En délistant 97 de molécules, Nères entend faire gagner du temps médical – l’équivalent de 750 médecins généralistes à temps plein – « en ouvrant un parcours court et direct en officine pour les maux du quotidien », résume Paul-François Cossa.
Selon les estimations des labos, 20 à 30% des patients privilégieront ce parcours sans ordonnance, pour une économie estimée pour l’Assurance maladie de 377 millions d’euros. L’objectif « ambitieux » de Nères serait de 50 molécules délistées d’ici 3 ans.
100 000 nouveaux produits en dix ans
Si le marché du premier recours maintient sa croissance, les innovations du côté des médicaments à prescription médicale facultative (PMF) sont sur la pente descendante depuis 10 ans, confirme le baromètre de Nères qui a étudié les données de vente des trois segments du premier recours : les médicaments à PMF, les dispositifs médicaux grand public et les compléments alimentaires.
Aussi, sur les pas moins de 100 000 nouveaux produits lancés depuis 2015, 14 500 concernaient les médicaments d’automédication, 19 000 des compléments alimentaires et 62 600 des dispositifs médicaux. « Il y a 10 ans, les médicaments représentaient un tiers des nouveautés, désormais c’est environ 7% », illustre Nicolas Grelaud, directeur général d’OpenHealth , qui confirme que « ces baisses de nouveautés sont liées en partie aux contraintes réglementaires ».
Parallèlement, le marché des compléments alimentaires poursuit son explosion, avec une augmentation de + 56 % des ventes entre 2019 et 2024, contre + 4 % sur les médicaments PMF.
Désormais, l’ensemble des produits de premiers recours pèse pour 10% de l’économie officinale. Un marché à 4,5 milliards d’euros qui poursuit sa croissance chaque année (+2,2% en 2024), en particulier depuis le Covid.

