Épidémie de maladie de Charcot : l’énigme fongique

Auteure et diplômée de mycologie, Laurence Bourgeois publie un premier roman inspiré de faits réels. Un mystère autour d’une épidémie de maladie de Charcot qui frappe de plein fouet un petit village savoyard.

Amanita ænigma de Laurence Bourgeois. 192 pages, Éditions Héloïse d’Ormesson.

 

Dans un village perché au milieu des montagnes savoyardes, une épidémie de maladie Charcot survient. De trop nombreux cas pour Montchavin, bourgade de 200 âmes. Contactée par une amie neurologue, Céleste – Parisienne d’adoption et passionnée par les champignons – retourne dans sa Savoie natale pour mener l’enquête. Elle y découvre qu’un champignon pourrait bien être responsable de cette vague de sclérose latérale amyotrophique (SLA).

Cela sonne le début d’Amanita ænigma, le premier roman de Laurence Bourgeois, aujourd’hui sélectionné pour le Grand Prix littéraire de l’Académie Nationale de Pharmacie, et qui s’inspire d’une histoire vraie ! Au début des années 2010, « une enquête a réellement été ouverte, notamment par une neurologue du CHU de Grenoble que je connais, suite à une concentration de cas de maladie de Charcot et de décès en Savoie », rembobine Laurence Bourgeois. Entre 1991 et 2013, 14 cas de SLA avaient été repérés dans ce village, soit vingt fois plus que la moyenne tricolore.

Après plus de 10 ans d’enquête, le mystère savoyard est finalement résolu, pointant du doigt la consommation d’un champignon toxique : la gyromitre ou « fausse morille ». « Ce champignon a longtemps été classé comme comestible… Pour quelle raison l’intoxication a eu lieu spécifiquement dans ce village ? Je laisse le suspens au lecteur ! », sourit Laurence Bourgeois. Céleste, l’héroïne, mènera l’enquête, mais remontera aussi le fil de sa propre histoire familiale, un héritage empoisonné.

 

La mycologie : une passion inspirante

Si le roman évoque l’enquête scientifique, « il déterre les secrets de famille, et la quête de la transmission et du pardon », souligne la romancière au parcours atypique. En effet, après une carrière en ressources humaines dans l’industrie pharmaceutique, Laurence Bourgeois quitte son job pour se lancer dans le coaching et le conseil. Tout en continuant de nourrir sa passion : celle des champignons. En 2019, elle décroche même son diplôme en mycologie de la Faculté de pharmacie de Lille !

Une passion mycologique qu’elle continue de cultiver au jour le jour, alternant vie parisienne et balades en sous-bois. « Je suis capable de faire 700 km pour cueillir un champignon », sourit l’auteure. Des marches en forêt et « un retour à la terre » pour Laurence Bourgeois, qui nourrissent son inspiration.

Son second roman devrait lui aussi tourner autour de la nature. « Les sous-bois sont un monde merveilleux où tout trouve sa place, sans aucune hiérarchie ».

 

Crédit photo : Philippe MATSAS/Leextra/Éditions Héloïse d’Ormesson