C’est acté ! Le rapport sur la déréglementation des professions réglementées – dont les pharmaciens – rédigé par le député de la majorité Marc Ferracci, se transformera bien en projet de loi. Un texte législatif qui devrait être porté par le gouvernement à partir de juin.
Et, comme l’avait annoncé Gabriel Attal en janvier, le texte « devrait libéraliser la vente en ligne de médicaments », regrette Pierre-Olivier Variot, président de l’Uspo, dans un webinaire organisé ce 7 mai en préparation du mouvement de grève des officines le 30 mai.
« Porte ouverte » à Amazon
Pire, ce projet de loi devrait également comporter la proposition de création d’une plateforme de vente en ligne, « et de stock déporté qui ne partirait plus des pharmacies », précise le pharmacien de Dijon, qui craint que ce texte « soit une porte ouverte à Amazon ».
« C’est une catastrophe, ça va tuer la pharmacie, ça va tuer le maillage ! Et c’est à l’encontre de tout ce que l’on prône, notamment le bon usage », s’insurge encore le président de l’Uspo, qui affirme n’avoir jamais été reçu par Marc Ferracci. Le titulaire ne décolère pas et invite ses confrères « à se mobiliser très vite et très fort contre cela ».
« La Cnam joue la montre »
Ce risque de libéralisation de la vente en ligne de médicaments – combiné à la situation économique des officines – a poussé l’Uspo a lancé une mobilisation nationale. Un mouvement d’abord parti du terrain, initié par des pharmaciens de Corse, de PACA et d’Occitanie, fédérés en intersyndicale.
« Nous sommes à un vrai tournant, il faut que l’on se mobilise pour éviter d’aller dans le mur », enjoint encore Pierre-Olivier Variot. Car, alors que le volet économique des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie a démarré en décembre, « nous n’avons encore eu aucune proposition concrète de revalorisation, à part le passage des TROD de 6 à 9 euros », regrette encore le président de l’Uspo. « La Cnam joue la montre, mais les pharmaciens ne peuvent plus attendre ! ».
Mobilisation en trois étapes
La mobilisation imaginée par l’Uspo s’articule en trois étapes. Premièrement, la signature d’une pétition pour sensibiliser les patients, « leur expliquer pourquoi nous avons besoin de leur soutien, dans leur intérêt et pour l’accès aux soins », souligne Clémentine Thomachot, pharmacienne installée en Saône-et-Loire et membre du groupe de mobilisation de l’USPO. Entre la pétition en ligne et celles distribuées en pharmacie, déjà 100 000 signatures ont été récoltées sur toute la France.
Puis une grève des gardes sera organisée entre les 18 et 20 mai, et enfin une fermeture complète des officines le 30 mai. « C’est important que tout le monde soit solidaire et que nous soyons nombreux dans les villes à montrer notre unité et notre opposition face à ces risques économiques et de déréglementation », invite Clémentine Thomachot.