Mardi dernier avait lieu le dernier round des négos conventionnelles entre l’Assurance maladie et les syndicats de pharmaciens d’officine. Un tour de table, après 5 mois de discussion autour de l’avenant économique, où la Cnam a mis sur la table une enveloppe et certaines revalos, jugées encore insuffisantes pour la profession, qui battra le pavé le 30 mai prochain.
Récap’ de l’ensemble des propositions de l’Assurance maladie.
7,918 milliards en 2027
Alors que les syndicats de pharmaciens réclamaient 1 milliard d’euros de revalorisation, la Cnam propose une enveloppe globale de 7,52 milliards d’euros pour le réseau officinal en 2025, et 7,91 milliards d’euros en 2027, en prenant en compte à la fois l’évolution tendancielle de l’officine et les revalorisations de l’avenant.
Les mesures de l’avenant seules représentent + 26 millions pour le réseau en 2024, et jusqu’à + 179 millions pour 2027. « C’est à peine 20 % de ce que nous avions demandé », regrette Guillaume Racle, conseiller économique à l’Uspo, qui détaille : « rapporté au nombre d’officines, ça fait une moyenne de + 7 700 euros par officine et par an entre 2023 et 2027 ». « Ce qui est proposé par l’Assurance maladie ne suffira pas à couvrir l’évolution des charges », abonde Pierre-Olivier Variot, président de l’Uspo.
Revalos des BPM et des entretiens
Bilan partagé de médication, entretien asthme, AVK/AOD ou anticancéreux : ces accompagnements devraient désormais être payés à l’acte. Une bonne nouvelle, attendue de longue date par la profession. « Chaque entretien sera payé indépendamment, et les médecins dans leur prochaine convention seront incités à les prescrire et à échanger avec le pharmacien », souligne Philippe Besset, président de la FSPF.
La rémunération sera également revalorisée : 65 euros pour la première année complète de BPM, 30 euros pour les années suivantes.
Création d’un entretien court opioïde
Suite aux groupes de travail, la Cnam propose également la création d’un entretien court d’accompagnement pour les patients traités aux opioïdes, avec pour objectif de lutter contre les mésusages. Rémunération ? 5 euros pour le pharmacien.
20 000 euros pour les officines fragiles
C’est l’un des enjeux majeurs, poussé par les pharmaciens comme par la Caisse : protéger les officines rurales. Une aide immédiate qui pourra aller jusqu’à 20 000 euros a été proposée par la Cnam pour soutenir les pharmacies fragiles.
Cette aide concernera les officines qui sont seules dans leur village, dans un désert médical (zone ZIP médecin) et avec un chiffre d’affaires inférieur au seuil du pharmacien adjoint. « 1 000 à 2 000 officines pourraient entrer dans ces critères », détaille Philippe Besset. Un observatoire du réseau officinal sera notamment créé pour suivre de près ces pharmacies fragiles.
PDA : le bout du tunnel ?
En avril, l’Assurance maladie s’est engagée à travailler sur un modèle économique pour la préparation des doses à administrer (PDA). Une tarification qui pourra, entre autres, permettre aux pharmaciens de faire des piluliers pour les Ehpad.
De 5 centimes à 2 euros : quelles revalos pour les honoraires ?
Attendues de longue date, les revalorisations de l’honoraire du pharmacien ont été mises sur la table cette semaine :
+ 5 centimes d’€ pour l’honoraire à l’ordonnance en janvier 2025
+ 6 centimes supplémentaires en janvier 2027
+ 9 centimes pour l’honoraire lié à l’âge en janvier 2026
+ 2 euros de majoration de l’honoraire de garde de nuit.
« Cette proposition est loin d’être suffisante pour le réseau », regrette Pierre-Olivier Variot. La Cnam a également proposé une clause de revoyure mi-2026 pour faire le point sur ces rémunérations.
Les TROD prennent + 40 %
La réalisation des TROD (cystite et angine) pourrait passer de 6 à 10 euros, avance la Cnam. Soit une hausse de 40 %.
Dans le cadre de l’accès direct aux antibiotiques en pharmacie, après un TROD, le pharmacien sera rémunéré 15 euros. Une somme correcte pour Philippe Besset, « car elle est supérieure à ce qui est fait dans le cadre de l’expérimentation Osys ». Dans l’attente des textes réglementaires, la délivrance tant attendue des antibiotiques à l’officine pourrait démarrer dès la rentrée 2024.
Une ROSP exceptionnelle pour 2024
Pour faire décoller un peu plus les nouvelles missions, l’Assurance maladie veut offrir une ROSP exceptionnelle pour 2024 :
+ 200 euros pour toutes les officines qui font au moins un vaccin ou un TROD dans l’année 2024
+ 250 euros pour la réalisation d’au moins un entretien en 2024
+ 100 euros pour une progression de 10 % ou plus du nombre de remise de kits de dépistage du cancer colorectal en 2024.
La ROSP s’enrichit
Une Rosp vaccination a également été mise sur la table, de 3 euros pour chaque vaccination facturée (en plus de 9,60 euros), « mais conditionnée à un seuil de déclenchement », tempère Pierre-Olivier Variot. Cette Rosp ne pourra être touchée que si le pharmacien est prescripteur d’au moins 5 % de ses vaccinations en 2024, 15 % en 2025 et 25 % en 2026. « C’est très loin de ce que nous avions demandé », déplore encore le président de l’Uspo.
Enfin, 100 euros supplémentaires seront versés aux officines qui se connectent sur Asafo – plateforme de vérification des fausses ordonnances. Et 100 euros encore lorsque la pharmacie s’engage dans une démarche écoresponsable.