« Pharmacies en danger » : élus, pharmaciens et patients alertent sur les risques de fermeture d’officines rurales

Alors que le pays compte désormais moins de 20 000 officines, l’URPS Pharmaciens de la région Auvergne-Rhône-Alpes, accompagnée par la FSPF et le député de l’Isère Yannick Neuder, ont alerté le 3 avril sur le danger des fermetures de pharmacies.

« En Auvergne-Rhône-Alpes, une cinquantaine d’officines pourraient être menacées de fermeture d’ici quelques années, avec un certain volume de patients qui se trouveraient à plus de 15 minutes en voiture d’une pharmacie », souligne Yannick Neuder. Un risque important, alors que l’officine « pourrait être devenue la clé de voute de l’offre de soins dans les territoires ruraux », avance le député Les Républicains.

Difficultés à trouver un repreneur

Pour cartographier les zones où les officines auvergnates et rhônalpines sont le plus fragiles, l’URPS Pharmaciens a réalisé une étude de terrain. « Nous avons retenu les pharmacies qui sont seules dans leur commune et à plus de 10 ou 15 minutes d’une autre pharmacie », détaille Olivier Rozaire, président de l’URPS Pharmacies AURA. 81 pharmacies dites « essentielles » ont ainsi été identifiées dans la région.

Puis, l’URPS est parti à la rencontre de ces confrères pour identifier les points de fragilité. « Ce qui revenait le plus souvent, c’est la difficulté à trouver un repreneur pour l’officine », se souvient Olivier Rozaire.

Ainsi, 53 officines essentielles, mais en situation de fragilité ont été cartographiées dans la région. « Ce sont des pharmacies qui pourraient être amenées à disparaitre d’ici 4 ou 5 ans », résume le président de l’URPS.

Alors que l’Auvergne-Rhône-Alpes abrite 10% de la population tricolore, en extrapolant, « on pourrait voir le risque de fermeture de 500 officines en France d’ici 5 ans », craint encore Olivier Rozaire, qui souhaite passer « un message d’alerte » aux autorités et « en finir avec la stigmatisation territoires ruraux et des déserts médicaux ».

Les pharmacies rurales sont en danger

Pharmacien dans la Meuse, et président de l’URPS Pharmaciens Grand Est, Christophe Wilcke le confirme : les pharmacies rurales sont en danger. « En 20 ans dans la Meuse, j’ai vu disparaitre 20% des officines. Désormais, il y a même des pharmacies qui se trouvent à 45 km de distance… », raconte le titulaire.

Un drame pour Alain Olympie, représentant des patients : « Cette croix verte fait partie du paysage et est trop souvent le secours quand il n’y a plus de médecin… Le pharmacien n’est plus simplement le cœur du village, il est devenu aujourd’hui le cœur de la santé ».

Des aides ciblées pour les plus fragiles ?

L’URPS, les patients, le FSPF, soutenus par Yannick Neuder, veulent donc protéger ces officines rurales, par exemple « en les ciblant avec des dispositifs zéro taxe, zéro impôt », dans le cadre de la reprise d’une pharmacie, illustre le député de l’Isère.

Des mesures de protection garantie par l’État qui pourraient s’inspirer de celles déjà mises en place en Écosse. « En Écosse, ils ont identifié les petites pharmacies les plus essentielles et l’État s’assure de leur pérennité », souligne par exemple Olivier Rozaire.

Le collectif demande ainsi au gouvernement de faire de ces pharmacies en danger des guichets sanitaires rattachés à France Service, mais aussi de publier dans les plus brefs délais le décret sur les territoires fragiles. Un texte attendu depuis six ans pour venir assouplir les règles d’installations des officines dans les villes de moins de 2 500 habitants.