Afin de mesurer l’impact des prix sur l’aggravation des pénuries, le Leem a sollicité le cabinet de conseil Simon-Kucher & Partners (SKP) pour analyser l’environnement économique des 450 molécules essentielles identifiées par le ministère de la Santé en 2023.
« Il en résulte que celles-ci cumulent les facteurs de risques pointés par les économistes », souligne le Leem dans son communiqué, citant notamment un prix globalement plus bas que les autres médicaments du marché français. « 56% ont un prix public TTC unitaire inférieur à 1 € et 36 % inférieur à 25 centimes, contre respectivement 41 % et 26 % pour les autres médicaments ». Mais également des prix fabricants hors taxe en moyenne 15 et 30 % plus bas par rapport à l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Plus globalement, « le Leem constate que les hausses de prix des médicaments restent très minoritaires en France par rapport au nombre de baisses : 9 hausses en 2022 (24 hausses en 2023) contre 499 baisses ».
Un impact sur la compétitivité
Un document de travail de la Toulouse School of Economics publié en 2023 a mis en évidence que les prix bas en France sont associés à un plus grand nombre de pénuries et une plus grande amplitude des ruptures. Dans la même veine, le rapport de la mission interministérielle « Financement et régulation des produits de santé » soulignait l’impact négatif de cette tendance à la baisse des prix sur la compétitivité de l’industrie pharmaceutique française.
« À la survenue d’une pénurie, l’existence d’un écart de prix défavorable au marché français conduit à pénaliser la France dans la compétition internationale pour l’accès à la « ressource rare » que devient le médicament », explique le Leem.
D’autres causes mises en avant
Mais la baisse des prix n’est pas le seul facteur mis en cause par le syndicat. Le contexte inflationniste, les taxes sectorielles et certaines obligations réglementaires comme les obligations de stocks sont également pointées.
« Notre système économique, fiscal et réglementaire nuit à la compétitivité du pays et à son attractivité. Il fragilise toute la chaîne d’approvisionnement des médicaments en menaçant la disponibilité sur notre territoire de produits essentiels à la santé des patients, qu’ils soient matures ou innovants », explique Thierry Hulot, président du Leem, qui appelle « à nouveau le Gouvernement à se saisir des recommandations de la mission interministérielle « Financement et régulation des produits de santé », en concertation avec tous les acteurs, dont les industriels ».