Priorité affichée du gouvernement Attal, la lutte contre la fraude à l’Assurance maladie a connu un coup d’accélérateur sans précédent l’année dernière. En 2023, 466 millions d’euros de fraudes ont été détectées et stoppées par la Cnam. Soit une hausse de 50% par rapport à 2022.
« Ces résultats sont très significatifs, c’est une année record », se réjouit Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance maladie, le 28 mars dernier. Et pour cause : ces chiffres dépassent de loin l’objectif fixé de 380 millions. « C’est pourquoi le Premier ministre a annoncé un rehaussement des objectifs pour 2024/2027 à hauteur de 2,4 milliards d’euros », souligne encore le numéro 1 de la Cnam.
Les pharmaciens toujours en tête
Comme l’année passée, ce sont les pharmaciens qui figurent en tête du podium des fraudes détectées chez les offreurs de soins. « Les pharmaciens sortent toujours en numéro 1, et ces montants sont très en lien avec les activités Covid, les tests antigéniques notamment », résume Thomas Fatôme.
En 2023, 60 millions d’euros de fraudes réalisées par les pharmaciens ont été détectés et stoppées par la caisse, « dont une quarantaine de millions liés au Covid », précise le directeur général de la Cnam. Si ce chiffre est élevé, il est toutefois en forte baisse par rapport à 2022 où 103 millions d’euros de fraudes officinales avaient été stoppées.
« Entre 2021 et 2022, nous avons contrôlé plusieurs centaines de pharmacies, dont certaines pour des fraudes significatives liées aux tests antigéniques », ajoute-t-il encore. En termes de montant, les pharmaciens sont suivis de près par les centres de santé (58 millions d’euros de fraudes en 2023), les infirmiers (50 millions), puis les transporteurs (34 millions).
En 2024, la Cnam entend poursuivre sa mobilisation, avec dans le collimateur les centres de santé et les audioprothésistes.
330 millions d’euros détectés chez les professionnels de santé
Au total en 2023, l’Assurance maladie a traité 7 000 dossiers de professionnels de santé, pour un montant moyen de 47 000 euros. Le préjudice financier total des fraudes à la Sécu émis par les offreurs de soins atteint ainsi les 330 millions d’euros en 2023 (+53 %), contre 91 millions pour les assurés sociaux (+33 %) et 45 millions pour les établissements de santé (+39 %).
À eux seuls donc, les offreurs de soins sont responsables de plus de 70% du préjudice financier lié aux fraudes à l’Assurance maladie.
Des cyber-enquêteurs déployés partout en France
Avec 1 500 agents qui œuvrent à détecter les fraudes, l’Assurance maladie entend mettre un grand coup d’accélérateur dans les années à venir avec le recrutement de 300 agents supplémentaires. Un regain qui sera enrichi par la création d’un pôle de 60 cyber-enquêteurs, « qui seront déployés d’ici quelques mois pour lutter contre les fraudes émergentes », précise Thomas Fatôme.
Trafic de médicaments, fausses ordonnances, nouvelles technologies : « les fraudes aux soins de villes sont complexes et représentent 25 millions d’euros de fraudes stoppées en 2023 », analyse Marc Scholler, directeur délégué de l’audit, des finances et de la lutte contre les fraudes à la Cnam.
Dans la même veine, les fraudes à l’identité de l’assuré représentaient 4,7 millions d’euros. Un chiffre faible, mais en augmentation de 72 % par rapport à 2022. Pour endiguer ce phénomène, Thomas Fatôme parie sur « le déploiement de l’ordonnance numérique, une priorité très forte pour lutter contre la fraude ».