Alors qu’une jeune pharmacienne, Hélène Tarcy-Cétout, a été tuée il y a deux jours en Guyane, comme chaque année, le Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens (CNOP) publie son bilan des agressions subies et déclarées par les pharmaciens. Et cette année encore, le constat est inquiétant.
En 2023, 475 agressions ont été comptabilisées, ce qui représente près de 40 agressions par mois en moyenne et une hausse de 30 % par rapport à 2022. « À l’exception de 2020, année de la crise sanitaire, le nombre de déclarations d’agressions, tous métiers confondus (…) pour l’année 2023 est le plus élevé depuis ces cinq dernières années, soit une augmentation de 40 % en 5 ans », déplore l’Ordre dans son bilan.
Des chiffres « très certainement en deçà de la réalité »
Parmi ces agressions, 459 concernent des pharmaciens d’officine, 14 des pharmaciens exerçant en laboratoires de biologie médicale et 2 en PUI. Majoritairement pour des faits de menaces, d’injures ou de violences physiques motivées par un refus de dispensation. La plupart des agressions, environ 75 %, ont lieu pendant les horaires d’ouverture. L’Ordre pointe toutefois « l’accroissement progressif des agressions pendant les gardes dont le nombre a doublé en 5 ans ».
La part des atteintes aux biens, vols et dégradations, est en hausse, et représente environ 40 % des déclarations, notamment suite aux émeutes de l’été 2023. 60 % des vols déclarés ont été pratiqués alors que l’officine était fermée.
Des chiffres « très certainement en deçà de la réalité » concède l’Ordre, et qui débouchent trop rarement sur des plaintes. En effet, seulement 35 % des pharmaciens agressés ont porté plainte, arguant « le manque temps », « la peur des représailles », mais également la faible nécessité des poursuites « compte tenu du peu de suite donnée ».
« Le dépôt de plainte est essentiel pour déclencher une procédure judiciaire et si besoin nous permettre d’intervenir aux côtés de nos confrères. Pour les accompagner et faciliter autant que possible leur démarche dans ces situations difficiles, l’ensemble des élus de l’Ordre sont à leur écoute », a réagi Gildas Bernier, référent sécurité auprès du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
En 2023, l’Ordre national des Pharmaciens s’est constitué partie civile aux côtés des pharmaciens déclarants dans 14 affaires et s’est également rapproché des parquets en vue de l’être également dans les affaires de vandalisme suite aux émeutes de 2023.