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« Pédagogie oubliée, organisation balbutiante » : les étudiants dénoncent à nouveau les ratés de la réforme de la PACES

« Pédagogie oubliée, santé mentale en danger, organisation balbutiante » : quatre ans après l’entrée en vigueur de la réforme de l’entrée dans les études de santé – qui remplace la PACES par deux filières, PASS et la LAS – les fédérations étudiantes dénoncent toujours une réforme « trop hétérogène » qui pâtit de « moyens insuffisants ».

À l’occasion de la sortie de leur deuxième rapport sur la réforme, la Fage, ainsi que l’ensemble des étudiants en santé, constate « qu’en quatre ans, la situation n’a fait que s’empirer ». Alors qu’elle promettait la fin du bachotage, du gâchis humain et de la sélection uniquement sur le par cœur, « force est de constater que la réforme n’a pas atteint ses objectifs et qu’elle met à mal l’ensemble du système de santé », indique la Fage devant la presse le 29 février dernier.

Des LAS délaissés

Aussi, après avoir interrogé les 36 facs qui proposent des enseignements santé, le constat est sans appel : les vieilles méthodes perdurent. 75% des universités ne proposent qu’une ou deux modalités d’évaluation écrite, « donc cela consiste toujours à cocher des cases sur un bout de papier sans comprendre », analyse Louise Lenglin, étudiante en kiné à Nantes et vice-présidente de la Fnek.

Aussi, 41% des étudiants en LAS ne reçoivent leur enseignement santé que par vidéos… « Ces étudiants sont délaissés », note ainsi Coline Trayssac, étudiante en médecine et vice-présidente chargée de l’enseignement supérieur à l’Anemf. Et la moitié des universités n’ont aucun référent LAS pour aiguillier ces étudiants. « C’est alarmant, ça rajoute du stress et de l’anxiété », constate Louise Lenglin.

La médecine, toujours une voie royale

Autre écueil : « la médecine est toujours vue comme la voie royale », déplore Cyprien Haffner, étudiant en pharmacie à Nantes et VP Enseignement supérieur à l’Anepf. « Il y a une hiérarchisation qui est indéniable dans les études de santé, et certaines filières sont invisibilisées », poursuit-il. Résultat : 15% de places vacantes en deuxième année de pharmacie, 10% en maïeutique, soit, en deux ans 1500 futurs pharmaciens et 300 futures sages-femmes perdus.

« Il faut déconstruire les clichés, c’est un risque pour notre système de santé », ajoute Cyprien Haffner. Des idées reçues nourries par les prépas privées. « Ces prépas profitent et entretiennent la peur chez les étudiants, et se servent de leur détresse », regrette Rafaël Autran, étudiant en maïeutique, VP tutorat à l’Anesf. En moyenne, c’est 5441 euros que déboursent les étudiants de PASS pour un an de cours privés, alors que les étudiants développent en parallèle des tutorats gratuits. Encore un objectif de la réforme, la diversification des profils, balayé.

« Il y a encore une sélection par l’argent, encore du bachotage… Il est urgent de repenser l’accès aux études de santé ! », lance ainsi la Fage.

Pour pousser leurs contre-propositions, les fédérations étudiantes lancent une enquête flash, destinée à tous les étudiants passés en PASS ou en LAS. Les résultats sont attendus fin avril.