À 29 ans et 33 ans, Audrey Ballarin et Jean-Marc Quintanel ont décidé de sauter le pas de l’installation… En s’associant à trois avec leur ancien titulaire ! Une aventure de transmission, jusqu’au départ à la retraite de ce dernier d’ici quatre ans.
Revue Pharma : Quel a été votre parcours avant de vous décider à vous installer ?
Jean-Marc Quintanel : Je suis adjoint depuis 2019 à la pharmacie de Pionsat dans le Puy-de-Dôme, après avoir fait mes études de pharmacie à Clermont-Ferrand. Ces années ont été synonyme d’apprentissage et de formation sur le quotidien du pharmacien.
Audrey Ballarin : Nous sommes arrivés dans cette pharmacie à 15 jours d’intervalle ! Ces quelques années nous ont permis de nous approprier les missions au fur et à mesure, la vaccination notamment.
Comment votre titulaire vous a proposé de reprendre la pharmacie ?
Audrey Ballarin : Lors d’un déjeuner, il nous a annoncé soudainement qu’il souhaitait prendre sa retraite. M’installer a toujours été une finalité, mais je ne m’y attendais pas si tôt ! Ensuite, nous avons rencontré Serge Gilodi qui a proposé que nous reprenions la pharmacie à trois : Jean-Marc, Monsieur Balanant le titulaire et moi-même. Nous sommes donc tous les trois associés, après avoir acheté la moitié des parts à deux, et signé un pacte d’associés via un avocat. Notre ancien titulaire voulait vraiment que nous restions indépendants vis-à-vis de lui.
Jean-Marc Quintanel : Bénéficier d’un avis extérieur nous a permis de juger la situation avec impartialité et de bien évaluer le prix. Il a ensuite été convenu de partager les parts ainsi : deux quarts et une demie, pendant quatre années d’exercice de Monsieur Balanant, pour qu’il parte progressivement à la retraite et diminue son temps de travail. Nous lui rachèterons sa part le moment venu.
Quel est l’avantage de ce type de montage pour vous ?
Audrey Ballarin : Au niveau financier déjà, cela nous permet de ne mettre qu’un quart du prix de la pharmacie chacun. Monsieur Balanant conserve ainsi la moitié de l’officine, tout en étant minoritaire. De plus, cette transmission nous donne l’opportunité d’apprendre toute la dimension gestion de l’officine, que nous n’avions jamais apprise à la fac !
Jean-Marc Quintanel : L’idée c’est, pendant quatre ans, de nous donner les armes pour que nous puissions pleinement prendre notre rôle de titulaire.
Comment se passe la prise de décision à trois ?
Audrey Ballarin : Les décisions se prennent à l’unanimité et chacun est force de proposition. Nous sommes assez libres et chaque titulaire développe ses missions en fonction de ses appétences.
Jean-Marc Quintanel : Dans l’officine, nous proposons déjà un service d’optique, un audioprothésiste va s’implanter, et nous souhaitons aussi faire monter en puissance les entretiens pharmaceutiques et les entretiens femme enceinte. Nous sommes installés dans un village de 1 000 habitants, mais avec une démographie médicale très intéressante et une maison de santé partagée avec six médecins à côté. Notre patientèle, âgée, polymédiquée et fidèle est très reconnaissante de notre travail !
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui souhaitent s’installer ?
Audrey Ballarin : D’être bien entouré et de se sentir à l’aise sur le dossier ! Cette transmission est vraiment comme un héritage, nous avons fait les choses petit à petit pour tenir la barre et nous ne nous sommes jamais sentis perdus. •
L’œil de l’expert
Par Serge Gilodi, fondateur de Serendipity Conseil.
” Au départ, le titulaire nous exprime sa volonté de préparer son départ en retraite à horizon 4 ou 5 ans et l’hypothèse que ses 2 adjoints pourraient être des candidats à la reprise, bien qu’ils ne soient pas encore informés d’un quelconque projet. Le scénario s’est écrit progressivement, au cours d’une première phase d’évaluation de la société, de simulations et d’études de faisabilité. Dans un second temps, nous avons présenté le projet à Audrey et Jean-Marc et avons fait évoluer le montage juridique et financier, en fonction des situations personnelles de chacun notamment.
Piloter la transmission progressive d’une officine à ses 2 adjoints est assez éloigné d’un processus classique de cession. Vous êtes au service de toutes les parties, avec l’objectif de les faire converger et adhérer pleinement à un projet commun. L’écoute, l’impartialité et la recherche du consensus sont essentielles pour aboutir à un projet associatif qui résiste à l’épreuve du temps. Enfin, le rôle de l’avocat est essentiel pour la rédaction du pacte d’associés, qui devra en particulier organiser les conditions de sortie définitive du titulaire 5 ans plus tard. “