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20 000 euros pour les officines fragiles, revalorisation du bilan partagé de médication : le point sur les négos

Sept réunions, une séance multilatérale la semaine dernière : les syndicats de pharmaciens – Uspo et FSPF – ont plongé dans le dur des négociations avec l’Assurance maladie pour l’avenant économique à la convention pharmaceutique.

« La situation économique s’est dégradée dans les officines percutées par l’inflation », a reconnu d’emblée Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’Assurance maladie, lors d’une table ronde organisée sur le sujet à Pharmagora ce samedi. Mais pour la numéro 2 de la Cnam, le constat est contrasté : « il y a certaines officines qui vont très bien, et d’autres qui vont très mal. Notre objectif est surtout de soutenir les 10% de pharmacies qui sont dans une situation économique très difficile ».  

Ainsi, la Caisse a mis sur la table une aide de 20 000 euros par an au bénéfice des officines en difficulté situées au sein des futurs territoires dits « fragiles ». Une somme bienvenue pour les syndicats. « Le maillage territorial est essentiel, nous le préserverons, quel que soit le cout », a fait encore savoir Marguerite Cazeneuve.

Augmentation des charges

Toutefois, pour l’Uspo comme pour la FSPF, ce sont l’ensemble des officines qui doivent être revalorisées. « En 2023, la marge a augmenté de 7% certes, mais les charges, elles, de +35%, tient à rappeler Pierre-Olivier Variot, président de l’Uspo. La situation est tendue pour tout le monde, ce sont toutes les officines qu’il faut sauver ».

« On ne doit plus perdre de temps ! », abonde Philippe Besset, président de la FSPF, qui rappelle que, pour l’heure – malgré les demandes syndicales – aucune proposition de revalorisation des honoraires de dispensation n’a été proposée. « L’urgence est sur les 10% d’officine en souffrance, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de revalorisation générale », a tenu à rassurer Marguerite Cazeneuve.

14 euros pour la dispensation d’antibiotiques

Autre point d’achoppement des négos : la rémunération de la dispensation protocolisée d’antibiotiques. Lors des dernières discussions, l’Assurance maladie a proposé de revaloriser l’acte d’examen de 6 à 9 euros, auxquels s’ajoutent les 5 euros de délivrance. Soit un total de 14 euros.

« La mise de jeu de l’Assurance maladie est à mon sens insuffisante », répond Philippe Besset, qui rappelle que dans le cadre des expérimentations de délégation médecins pharmaciens, la somme est de 25 euros pour l’équipe, « dont en général 15 ou 20 euros pour le pharmacien ».

Dans la même veine, les syndicats souhaitent relancer la dispensation adaptée, en revalorisant la rémunération sous forme de paiement à l’acte. « La dispensation adaptée fait partie des interventions pharmaceutiques, et donc des honoraires à revaloriser », espère le président de la FSPF.  

Les bilans partagés de médication revalorisés

Lutte contre la fraude et le mésusage, amélioration de la pertinence et de la qualité… La Cnam souhaite flécher les revalos « vers l’acte intellectuel du pharmacien au moment de la dispensation », souligne Marguerite Cazeneuve, rappelant que les 250 milliards d’euros de dépenses de l’Assurance maladie « peuvent être alloués de manière intelligente ».

Bonne nouvelle : la rémunération des bilans partagés de médication devrait être facilitée, pour éviter les paiements 10 mois plus tard. La Caisse accepte ainsi de régler les 60 euros en trois fois : 25% puis 25% puis 50%, avec une revalorisation de 5 euros la première année et 10 euros la deuxième.

Risque de fermetures

Pour les syndicats, il y a urgence à agir. « Il faut mettre au pot, car le risque sinon ce sont les fermetures d’officines et la financiarisation de la profession », met en garde Pierre-Olivier Variot, qui souligne que 36 pharmacies ont déjà fermé depuis janvier.

« S’il ne se passe rien, il y aura des grèves, des manifestations, des fermetures d’officines », avertit lui aussi Philippe Besset.