Un an après le lancement de la mission Borne sur les pénuries de médicament, Les Entreprises du Médicament (Leem) restent sur leur faim. « Il y avait une soixantaine de propositions pour ce « new deal de la chaîne pharmaceutique » et depuis, concrètement, rien n’a été fait, j’appelle à un sursaut des autorités », indique d’emblée le président du Leem, Thierry Hulot, devant la presse ce mardi.
« Notre raison d’être est de fournir le bon traitement à tous nos concitoyens », rappelle Thierry Hulot, qui souligne que « les tensions d’approvisionnement sont le sommet de l’iceberg qui montrent la fragilité de notre système de santé et l’urgence à le reconstruire ».
Pour 2024 donc, le Leem entend à nouveau pousser ses propositions autour de trois grands objectifs : la souveraineté sanitaire et la garantie de l’accès aux médicaments, la soutenabilité économique pour les industriels pharmaceutiques et enfin l’écoresponsabilité.
« La liste a été publiée, mais il ne s’est rien passé derrière »
En mai 2023 déjà, les labos s’étaient réunis pour demander d’urgence d’établir une liste des médicaments essentiels, afin de les piloter au mieux et de repérer les risques de fragilité sur la chaîne de production. « La liste a été publiée, mais il ne s’est rien passé derrière… Donc ça n’aidera pas à régler les pénuries », tacle Thierry Hulot.
Autre exemple de retard pris : « nous souhaitions fluidifier les informations, pour que le médecin puisse savoir tout de suite si le médicament qu’il prescrit est disponible, et ainsi éviter de faire aller le patient à l’officine, qui doit elle aussi rappeler le médecin », se souvient le président du Leem.
En novembre, une charte de bonnes pratiques a d’ailleurs été signée entre les pharmaciens et les laboratoires pour se coordonner, « mais une telle charte nécessite un pilotage mensuel au niveau de l’État, l’administration doit jouer son rôle d’arbitrage ».
Information et bon usage
« Si on ne règle pas le sujet des pénuries, nous ne serons pas crédibles dans le reste des actions que nous mènerons », abonde Laurence Peyraut, directrice générale du Leem, qui présente la feuille de route du syndicat pour 2024.
Sur le sujet des ruptures, le Leem a ainsi mis en place « TRACStocks», « pour que les autorités de santé aient accès à l’état des molécules en tension sur le territoire », indique Laurence Peyraut, qui propose désormais « d’élargir ce système aux grossistes-répartiteurs » mais aussi « d’améliorer la qualité de l’information des officines via le DP Ruptures ».
Aussi, le Leem entend pousser le bon usage du médicament, qui pourrait à la fois réduire les tensions sur les stocks mais aussi permettre « d’économiser 300 millions d’euros », estime Thierry Hulot. L’une des pistes ? « Investir sur les campagnes de prévention et aller plus loin pour limiter la polymédication des personnes âgées grâce à des actions dans les logiciels d’aide à la prescription des médecins », détaille Laurence Peyraut.
Quant à la dispensation à l’unité de médicaments en tension ? « C’est l’exemple type de la fausse bonne idée ! », répond Thierry Hulot, convaincu qu’elle posera des problèmes d’un point de vue traçabilité.
« Nous avons les prix les plus bas d’Europe »
À terme, le Leem compte sur l’amorçage de réformes de régulation du financement du médicament. « En France, un tiers des médicaments essentiels sont fait par des PME, et dans un cas sur trois, le prix unitaire est à moins de 25 centimes », regrette Thierry Hulot qui souligne que « nous avons les prix les plus bas d’Europe ».
Le président du Leem propose ainsi « une révision des prix pour les industriels qui produisent des médicaments à bas coût, comme l’amoxicilline, afin qu’elles puissent développer leur usine, se décarboner, se digitaliser ».