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Pénuries : les grossistes-répartiteurs fustigent les ventes directes et proposent « de la transparence »

Alors que le pic hivernal n’est pas encore atteint – et que les officines craignent une nouvelle vague de pénuries de médicaments – la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) a décidé « de se mobiliser face à cette situation exceptionnelle, pour offrir de la transparence et de la clarté », indique Laurent Bendavid, président de la CSRP.  

Le syndicat, qui rassemble 178 agences de répartition en France, a ainsi lancé début septembre son « observatoire de la disponibilité des médicaments », « un outil à la disposition des autorités de santé, pour monitorer en temps réel l’intensité des ruptures au sein des agences de répartition », souligne Emmanuel Déchin, délégué général de la CSRP.

Régions par régions, références par références, la carte interactive met en lumière le taux de disponibilité des 11 000 références remboursables en France, chaque semaine.

« Cet antibiotique n’était pas présent dans 76% des agences »

L’observatoire révèle ainsi que, la semaine dernière, pour les 22 références d’amoxicilline/acide clavulanique 100 mg/12,5 mg par ml, seuls 24% des grossistes-répartiteurs français possédaient au moins une boîte. « Cet antibiotique n’était donc pas présent dans 76% des agences, même si cet outil n’a pas vocation à donner l’état des stocks des agences » qui est fluctuant, précise Emmanuel Déchin.

La semaine dernière encore, le taux de disponibilité de la prednisolone 20mg disp/eff était de 40%.  95% pour le paracétamol pédiatrique en suspension buvable « où les données sont plus positives », souligne le directeur général de la CSRP.

Cet observatoire n’a pas « vocation à être mis à disposition du grand public », souligne-t-il encore, mais plutôt des autorités sanitaires comme l’ANSM. « Ça peut être un monitoring à la demande. Hier soir par exemple, l’ANSM nous a demandé de regarder les stocks dans nos agences d’azithromycine et de clarithromycine, recommandés en cas d’infection à mycoplasme », raconte ainsi Emmanuel Déchin.

Les ventes directes perturbent la répartition

Il y a près de trois semaines, les acteurs de la filière du médicament ont signé une charte pour lutter contre les pénuries avec le ministère de la Santé. « En tant que grossistes, nous nous sommes engagés à réaliser une livraison équitable des pharmaciens qui sont nos clients n°1 sur la liste des médicaments hivernaux », illustre Laurent Bendavid. « Mais nous sommes encore à un niveau de stock qui ne permet pas de répondre à la demande », ajoute-t-il.

La CSRP fustige notamment les ventes directes par les laboratoires aux officines, en explosion. « On constate un transfert des volumes de médicaments de la distribution pharmaceutique vers la vente directe », souligne Laurent Bendavid.

Ainsi, entre 2022 et 2023, la vente par les grossistes d’amoxicilline (1g/comprimé dispersible) est passée de 80% à 63%. Autre exemple : sur les corticoïdes oraux, les ventes directes ont bondi de +132 % depuis l’année dernière, +57 % pour l’amoxicilline. Une stratégie « qui entraîne des difficultés d’approvisionnement sur le territoire », assure le président de la CSRP.

« Si on perturbe la distribution pharmaceutique, automatiquement il y a un impact sur d’autres pharmacies, qui sont souvent les plus éloignées », analyse-t-il. Dans cette inégale répartition de médicaments, Laurent Bendavid y voit également un « effet halo ». « Quand un produit en tension est remis à disposition, certains pharmaciens vont commander beaucoup de stock, avoir un niveau de stock très élevé et capturer une partie du volume ».