L’alerte de l’ANSM est claire : « En cas de rhume, évitez les médicaments vasoconstricteurs par voie orale !». Dans communiqué, daté du dimanche 22 octobre, l’Agence du médicament met en garde sur les risques d’infarctus du myocarde et d’accidents vasculaires cérébraux « quelles que soient la dose et la durée du traitement », liés à l’utilisation de pseudoéphédrine. Une dangerosité à mettre au regard du « caractère non indispensable des vasoconstricteurs ».
Avis implacable
« La gravité de ces accidents et la persistance des cas – en dépit des actions déjà mises en place –, associées au caractère non indispensable des vasoconstricteurs, conduisent l’ANSM à déconseiller leur utilisation. » Et Christelle Ratignier-Carbonneil, la directrice de l’agence, d’insister fin octobre sur France Info : « Je veux dire aux Français : ne les utilisez plus ! ».
Effets indésirables rares, mais très graves
Pour rappel, les risques associés sont cardiovasculaires (HTA, infarctus du myocarde), neurologiques (AVC hémorragiques ou ischémiques, convulsions), des colites ischémiques, des troubles psychiatriques (anxiété, agitation, troubles du comportement, hallucinations, insomnie, symptômes maniaques), des réactions cutanées graves ou encore une neuropathie optique ischémique. À noter que si le risque est très faible, ces événements peuvent se produire, quelles que soient la dose et la durée du traitement.
Activité sympathomimétique
Par une activité indirecte sur le système de récepteur adrénergique, elle déplace la noradrénaline des vésicules de stockage dans les neurones présynaptiques. Le neurotransmetteur déplacé est libéré dans la synapse neuronale dans laquelle il est libre pour activer les récepteurs α (adrénergiques post-synaptiques situés sur les vaisseaux sanguins de la muqueuse nasale).
Vasoconstriction
La constriction des vaisseaux sanguins permet de réduire la fluidité au niveau du nez, de la gorge et des parois sinusales, qui se traduit par une diminution de l’inflammation et de la congestion des muqueuses et une réduction de la production de mucus. C’est l’effet recherché des produits-conseils contenant de la pseudoéphédrine, traitement qui reste donc symptomatique et qui ne réduit pas la durée du rhume.
Usage
La pseudoéphédrine est utilisée en association avec du paracétamol, et avec plus ou moins un antihistaminique (doxylamine, chlorphénamine, triprolidine, diphénhydramine), ou encore avec de l’ibuprofène, dans la prise en charge des rhinopharyngites aiguës. Associée à la cétirizine, elle est indiquée dans la rhinite allergique.
Pharmacovigilance
Des cas de syndromes d’encéphalopathie réversible postérieure et de syndromes de vasoconstriction cérébrale réversible ont été nouvellement observés après la prise orale de pseudoéphédrine. Cela a poussé l’ANSM à demander, en février dernier, une réévaluation de la balance bénéfice-risque auprès du comité de pharmacovigilance de l’EMA.
Galénique
La pseudoéphédrine et disponible sous 2 formes. En spray nasal, soumis à prescription, et sous forme de comprimés (en association) disponible sans ordonnance. L’ANSM lutte depuis déjà plusieurs années pour limiter l’usage de ces formes orales ; ainsi, leur publicité est, par exemple, interdite depuis 2018.
Contre-indication
Pour la 3e année consécutive, l’agence met à disposition des pharmaciens une fiche pratique d’aide à la dispensation. Le pharmacien doit veiller aux nombreuses contre-indications. Si malgré les recommandations, le patient tient à débuter un traitement, il convient de lui rappeler la posologie et la durée de traitement qui ne doit pas dépasser 5 jours, l’alerter sur le risque d’association avec un autre vasoconstricteur et inscrire la délivrance à son historique ou son DP.