Depuis plusieurs années, ce sont près de 20 000 signalements de violences par an à l'encontre des professionnels de santé qui ont été enregistrés, selon les données de l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS).
« Nous sommes pleinement engagés pour améliorer les conditions d'exercice de tous les professionnels de santé », a affirmé Aurélien Rousseau, ministre de la Santé et de la Prévention, ce vendredi 29 septembre 2023, dans un communiqué de presse présentant le plan d'action du gouvernement. Face à ces violences croissantes, le ministère travaille depuis plusieurs mois avec les représentants des secteurs de la santé et sous l’égide du docteur Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins, et Nathalie Nion, cadre supérieur de santé de l'AP-HP, sur un plan s'articulant en trois axes et 42 mesures pour la sécurité des professionnels de santé, parmi lesquelles un délit d’outrage, un bouton caché et le dépôt de plainte des directeurs d’établissement.
« Tolérance zéro face aux violences »
« Notre message est clair : (les usagers) sont eux aussi garants de la tolérance zéro que nous prônons, notamment au travers du respect dû par les patients aux soignants et du devoir de ces derniers de signaler les violences », a déclaré Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé.
Le premier axe du plan d'action vise à former les soignants et à sensibiliser le public. Des mesures de campagne de formation et de sensibilisation de tous les professionnels de santé à la gestion de l'agressivité seront lancées. Cette formation comprendra un tronc commun ainsi que des contenus dédiés aux agents et à leurs encadrants, en distanciel et en présentiel sous forme d'atelier.
Des campagnes nationales de sensibilisation du grand public au respect dû aux soignants seront également menées afin de replacer le patient au rang d'acteur de la sécurité des soignants.
Une culture de la sécurité
« Les conséquences de ces violences sont majeures, a ajouté Aurélien Rousseau. C'est pourquoi nous avons fait de la sécurité des professionnels de santé un chantier prioritaire du ministère de la Santé », notamment en repensant la sécurité des biens et des personnes par l'aménagement intérieur des espaces d'accueil et de soin.
Des méthodes efficaces existent pour instaurer une distance entre les professionnels et des visiteurs potentiellement violents afin de garantir des échappatoires en cas de problèmes ou bloquer l'accès à certains espaces.
Aussi, des outils sont développés en parallèle afin de pouvoir alerter en cas d'urgence, comme des bracelets ou des boutons cachés. De plus, un outrage spécifique qui concerne tous les professionnels de santé, qu'ils exercent à l'hôpital ou en libéral, vient s'ajouter à l'outrage couvrant les agents exerçant une mission de service public.
Signaler et accompagner
Ce dernier axe du plan de lutte contre les violences a pour objectif de systématiser le signalement des agressions pour objectiver le phénomène. Pour cela, les victimes bénéficieront d'un accompagnement dans les démarches de déclaration, mais aussi dans le temps. L'une des actions directes de cet axe est de permettre aux directeurs d'établissements de santé de déposer plainte en cas de violence ou de menaces à la place de la victime, avec leur accord.
Ces thèmes seront inscrits à l'agenda du dialogue social que conduira le ministère de la Santé avec les Ordres et les représentants des professionnels de santé au cours des prochains mois.