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Trésorerie : 35% des pharmaciens assurent avoir été à découvert cette année

« Nous savions que la trésorerie des pharmaciens était menacée, mais ces résultats sont encore plus dégradés que ce que nous pensions », lance d’emblée Pierre-Olivier Variot, président de l’Uspo.

Alors que l’inflation explose en pharmacie – 12 % pour 2022 – le syndicat a lancé un sondage en ligne les 6 et le 7 septembre dernier. En deux jours, 2 400 titulaires ont répondu sur l’état de leurs comptes. Résultat : les deux tiers des pharmaciens estiment avoir une trésorerie « mauvaise ou inquiétante », 90 % assurent qu’elle s’est davantage dégradée depuis janvier 2023.

15 jours de trésorerie

En moyenne, « les pharmaciens interrogés estiment avoir seulement 15 jours de trésorerie d’avance », constate Guillaume Racle, pharmacien et conseiller économie et offre de santé de l’Uspo. Pire : 35 % des officinaux affirment avoir déjà été à découvert au cours de l’année, « et la même proportion pense qu’ils finiront à découvert d’ici la fin 2023 », poursuit le pharmacien.

Pour pallier à ces difficultés de trésorerie, un quart des sondés indiquent avoir demandé un découpage ou un échelonnement à leur grossiste ou à leur groupement. 40% des pharmaciens disent d’ailleurs qu’ils seront (ou qu’ils ont été) contraints de réduire leur personnel à l’avenir. « Ça sera des non-remplacements de départ à la retraite, de postes de secrétaire, ou des alternances qui ne sont pas embauchées », se désole Guillaume Racle.

L’impact des pénuries

Après trois années exceptionnelles liées à une suractivité Covid, la situation économique des officines se dégrade. En cause, selon l’Uspo : une baisse des marges cumulées à l’explosion des médicaments chers, la surinflation impliquant naturellement une augmentation des salaires et des charges, mais aussi les pénuries de médicaments !

« Avec les pénuries, nous devons diversifier nos approvisionnements, et perdons donc sur les remises génériques », explique le président de l’Uspo, qui estime l’impact pour 2023 à « 5 ou 6 points en moins ». « La trésorerie est aussi impactée par les ruptures, car les pharmaciens deviennent obligés de faire du stock », abonde Guillaume Racle.

92% des pharmaciens prêts à se mobiliser !

Face à cette situation, 92 % des pharmaciens sondés se disent prêt à se mobiliser en cas de non-revalorisation des honoraires ou de baisse des remises génériques. Un soutien de poids pour le syndicat, à quelques semaines de l’ouverture du volet économique des négociations conventionnelles. « On ne doit pas prendre de retard sur les revalorisations, sinon ça va être un massacre pour le maillage officinal », met en garde Pierre-Olivier Variot.

Les négociations devraient démarrer début novembre, pour une signature en janvier 2024, au mieux. Et une application des revalorisations 6 mois plus tard.

Uspo et FSPF s’apprêtent – une fois n’est pas coutume – à défendre des propositions main dans la main auprès de l’Assurance maladie. Leur demande commune : revaloriser l’honoraire. « Nous sommes alignés sur les demandes et nous souhaitons surtout que cet avenant prenne en compte l’inflation et l’augmentation des coûts à l’officine », souligne Philippe Besset, président de la FSPF.

Alors que l’Uspo a chiffré une enveloppe de revalorisation entre 800 millions et 1 milliard d’euros, les échanges risquent d’être musclés avec la Cnam dans les mois à venir. Et, « on sait déjà que l’Ondam qui va être annoncé dans le PLFSS sera en deçà de l’inflation », constate Guillaume Racle, autour de 4 à 5%.