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Prise en charge des cystites, entretien opioïdes et tiers payant contre biosimilaire : les propositions de la Cnam pour les pharmaciens en 2024

Tradition du début d’été : l’Assurance maladie vient de publier, comme chaque année, son rapport « Charges et produits » pour 2024. Une synthèse économique et prospective, rendue au ministre de la Santé, qui augure souvent de l’orientation du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à l’automne.

Au fil des 300 pages et des trente propositions formulées par la caisse pour 2024, beaucoup concernent les officinaux et la FSPF se félicite « cette année, des mesures « métier » proposées pour la profession de pharmacien ».

Prescription d’antibiotique en cas de cystite

Ainsi, alors que les pharmaciens font face à un « exercice en pleine transformation », rappelle la Cnam, elle entend pour 2024 encore renforcer son rôle « comme acteur de santé de proximité et expert du médicament, responsable de la pertinence des délivrances, en poursuivant en conséquence l’évolution du modèle économique des officines vers la rémunération de la juste délivrance ».

L’Assurance maladie propose ainsi à l’exécutif de « permettre aux femmes souffrant d’une infection urinaire d’avoir un accès rapide et sécurisé à des antibiotiques, directement en pharmacie, sans ordonnance ». Les officinaux – « dûment formés » – pourraient ainsi être autorisés à « prescrire des antibiotiques en cas de cystite aiguë simple, dans un cadre protocolisé, après un dépistage positif en officine (bandelette urinaire), et en garantissant l’information du médecin traitant », espère la caisse.

Cette compétence de « pharmacien prescripteur » pourrait être élargie aux angines bactériennes, après réalisation d’un Trod. Des propositions « bienvenues » se félicite la FSPF.

Entretien opioïde

Seconde priorité de la Cnam : accélérer les politiques de bon usage du médicament, en lien avec l’ANSM. Pour ce faire, elle veut « limiter la polymédication des personnes âgées, les prescriptions d’opioïdes, dont le tramadol », mais aussi les prescriptions d’IPP chez les enfants. Et elle compte à nouveau sur le pharmacien !

Ainsi, la Cnam recommande au ministère de la Santé de « créer un accompagnement sur les opioïdes, sur le modèle de celui créé pour les femmes enceintes » en officine. « Cet accompagnement « opioïdes » permettrait de rappeler les règles de bon usage aux patients, de repérer et d’alerter en cas de trouble lié à la consommation de ces médicaments et d’accompagner les patients en cas de détection de mésusage », note l’Assurance maladie, qui espère travailler sur le sujet avec les syndicats de pharmaciens dès 2024.

Tiers payant contre biosimilaires

Pour l’année prochaine encore, la caisse espère atteindre les 80% de pénétration des médicaments biosimilaires, pour une économie attendue de 200 millions d’euros. Pour ce faire, la Cnam souhaite mettre en place un mécanisme de tiers payant contre biosimilaires, avec substitution possible par le pharmacien.

Si, une fois de plus, la Fédé se ravit de la mesure, « elle rappelle sa demande d’instaurer une égalité de marge des médicaments biosimilaires avec la marge applicable à la spécialité de référence du même groupe biologique ». Un mode de rémunération « qui a prouvé toute son efficacité pour le médicament générique contribuera au soutien d’une activité officinale qui reste fragile », indique Philippe Besset, président de la FSPF.

La FSPF vigilante sur le volet économique

Dans son rapport, la Cnam a tenu à souligner un contexte économique favorable pour l’officine : une augmentation de 3,2% de la rémunération en moyenne par an, entre 2019 et 2022. « Par ailleurs, à la rémunération classique du pharmacien s’est ajoutée une rémunération exceptionnelle en lien avec le Covid-19 en 2021 et 2022, qui a représenté plus de 3 milliards d’euros sur ces deux années. Ces hausses ont bénéficié à l’ensemble du réseau officinal, quels que soient les lieux d’implantation et les tailles des pharmacies d’officine », peut-on lire.

Un message qui n’a rien anodin, alors que le volet économique des négociations conventionnelles avec les pharmaciens devrait s’ouvrir en septembre. Dans ce cadre, la Cnam souhaite d’ailleurs « rémunérer la « juste délivrance » et ajuster le niveau du plafonnement des honoraires pour les médicaments les plus chers ».

Mais pour la FSPF « l’activité exceptionnelle liée à l’épidémie de Covid-19 n’est plus d’actualité : de nombreuses officines voient leurs revenus s’éroder et risquent de s’ajouter aux fermetures connues depuis de trop nombreuses années ». « La rémunération du pharmacien, qui, dans le cas des médicaments les plus chers, ne représente que 1% du prix du produit, n’est une variable d’ajustement ni souhaitable, ni efficace pour rétablir les comptes sociaux », martèle encore le syndicat, qui dit rester « vigilant », « pour que le réseau officinal ne souffre pas d’interprétations tendancieuses et de choix économiques malheureux ».

Léa Galanopoulo