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Médicaments chers et augmentation des charges : l’économie de l’officine fait grise mine

Alors que le volet économique des négociations conventionnelles doit s’ouvrir à la rentrée, l’Uspo espère déjà une augmentation de « 25 à 30% de la rémunération du réseau d’ici 2025 », précise son président Pierre-Olivier Variot. Une enveloppe qui prend en compte l’inflation et la baisse des marges estimée, « afin de se projeter dans l’avenir sans faire d’erreur qui pourrait coûter cher au réseau officinal », tient à souligner le pharmacien dijonnais.

La semaine dernière, l’Assurance maladie a présenté son observatoire de la rémunération en officine, pointant une hausse de la rémunération (honoraires et marge réglementée) de près de 5% en 2022, et 3,6% lors du premier trimestre 2023. Mais face à une « sur-inflation en pharmacie », de l’ordre de 22,3% « on court derrière l’inflation ! », rétorque Pierre-Olivier Variot, qui souligne par ailleurs que ces augmentations sont aussi liées à la hausse des médicaments chers.

Crainte pour les petites officines

En tenant compte des tendances actuelles de l’activité officinale, l’Uspo s’est ainsi projetée sur 2024 et 2025. « Nous allons voir une augmentation des marges qui restera bien trop faible par rapport à l’augmentation de charges, avec un effet ciseau pour l’officine », projette Guillaume Racle, conseiller économie et offre de santé Uspo.

Ainsi, les charges extérieures des officines ont progressé de 10 points en 2022, selon le cabinet CGP. Avec l’inflation, la masse salariale est, elle, passée en moyenne de 210 000 euros à 237 000 euros. « Sur le premier quadrimestre de 2023, les frais de personnels ont progressé de 3,5 % », détaille encore Joël Lecoeur, président de CGP, sur la base des 1800 officines clientes de son réseau.

Aussi, le poids des médicaments cher explose. Début 2023, les spécialités à plus de 150 euros (PFHT) frôlaient les 40% de part de de chiffre d’affaires du médicament (TVA 2,1).

« Ça va être une catastrophe pour les petites officines à moins de 2 millions d’euros », anticipe encore l’expert-comptable qui constate désormais chez ses clients « une tendance à réduire les amplitudes horaires de la pharmacie ». « Je suis très inquiet pour le maillage territorial, je crains un drame humain, qui va pousser vers de plus en plus de concentration du réseau, mais aussi une financiarisation de la profession », imagine encore Joël Lecoeur.

Du côté d’IQVIA aussi, les tendances ne sont pas bonnes. « En ce début d’année 2023, la vente libre est en léger recul de 0,2% en valeur et -5,1% en unités », résume Antoine Collet, responsable du panel Pharmacie IQVIA France. Il constate particulièrement une basse sur le marché des antalgiques, mais aussi une chute de la fréquentation des officines (-6,2% sur le début 2023).

Revalorisations sur les honoraires et les missions

Pour sauver le réseau, l’Uspo – main dans la main avec la FSPF – entend bien réclamer à la Cnam des revalorisations. « Nous allons demander des augmentations sur les honoraires liés à l’âge, à l’ordonnance et au médicament spécifique », détaille ainsi Pierre-Olivier Variot. La vaccination et la rémunération des Trod angine devra également être augmentée, espère l’Uspo, qui va aussi pousser pour la création d’une Rosp sur la substitution des médicaments biosimilaires et hybrides.

Alors que les gardes explosent – les majorations d’ordonnance liées à la permanence des soins ont bondi de 31 millions d’euros en 2021 à 37 millions en 2022 – le pharmacien titulaire souhaite que les négos soient aussi l’occasion de redéfinir les urgences. « Les pharmaciens sont épuisés, ils n’en peuvent plus d’être dérangés pour trois fois rien », souligne-t-il.

Enfin, l’Uspo entendra bien pousser, à nouveau, pour de nouvelles missions (et la rémunération qui va avec) : suivi des patients sous opioïdes, dépistage du risque cardiovasculaire, accompagnement du sevrage tabagique, mais aussi délivrance protocolisée en dehors des exercices coordonnés.

L’Uspo et la FSPF espèrent pouvoir entamer de premiers tours de table avec l’Assurance maladie dès septembre, et se laissent l’été pour dresser un plan de travail commun.

Léa Galanopoulo