Nouveaux honoraires, dispensation de PMO : la FSPF pousse ses pions pour les négociations conventionnelles

Alors que le volet économique des négociations conventionnelles devrait s’ouvrir à l’automne entre syndicats d’officinaux et Assurance maladie, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a profité de son congrès annuel pour pousser ses propositions.

Face à des marges qui régressent, désormais il convient de réinventer le modèle économique des officines. « L’honoraire a prouvé sa pertinence, mais doit être adapté et complété », imagine ainsi Philippe Besset, président de la FSPF, devant des centaines de confrères réunis à Montpellier ce week-end pour le Congrès national des pharmaciens.

Devant l’Assurance maladie et le ministre de la Santé, le pharmacien de Limoux a rappelé qu’il souhaitait « recentrer les négociations sur notre cœur de métier qu’est le médicament et la dispensation ». Le titulaire a ainsi saisi l’occasion pour faire un clin d’œil aux négos des médecins libéraux, avortées au printemps. « Les pharmaciens ne demandent pas la lune : les médecins veulent voir leur acte passer de 25€ à 50€ et bien nous souhaitons le faire passer à 1,30€ », réclame Philippe Besset.

5, 10 ou 15 euros

Aussi, la Fédé devrait pousser pour la création de nouveaux honoraires, en phase avec les prérogatives actuelles des confrères : 10 euros pour le renouvellement d’une ordonnance périmée – autorisé par la loi Rist – 15 euros lorsqu’une dispensation protocolisée est réalisée (cystite, angine), 5 euros pour une intervention pharmaceutique ou jusqu’à 200 euros par jour pour les officines qui se dressent comme renfort dans les déserts médicaux. Une rémunération à la journée, qui existe en Australie ou en Angleterre, « un peu sur le même modèle que les honoraires de nuit, souligne Philippe Besset. On considère que l’activité n’est pas suffisante pour rémunérer correctement le professionnel de santé, et qu’il bénéficie donc d’une rémunération pour son engagement ».

Face à la désertification médicale galopante, la Fédé entend par ailleurs ouvrir « la possibilité pour le pharmacien de dispenser des médicaments à prescription médicale obligatoire, dès lors qu’il n’y a pas besoin d’examen clinique, dans le cadre de protocole précis, d’arbres décisionnels avec la HAS ».

Pour ce nouveau round de négo avec la Cnam, la Fédé anticipe une enveloppe de 750 millions d’euros. Et, alors que l’inflation plombe les caisses de l’officine, Philippe Besset réclame par ailleurs que les revalos puissent être plus fréquentes, une sorte de « convention permanente coordonnée avec le PLFSS », espère-t-il. Les premiers travaux devraient démarrer cette semaine avec l’Uspo « afin que la profession porte une parole unie auprès de l’Assurance maladie », indique le pharmacien de Limoux sous les applaudissements.

« Vous êtes le visage le plus familier de notre système de santé »

En attendant la création d’hypothétiques nouveaux honoraires, François Braun a salué l’implication des officinaux pendant, et après, la pandémie. « Vous êtes le visage le plus familier de notre système de santé », a-t-il fait savoir. Alors qu’en 2022, les deux tiers des vaccinations Covid ont été réalisés en officine, « cela a mis en lumière tout le potentiel de votre profession que je veux continuer d’impliquer », a lancé l’urgentiste.

Le locataire du Ségur s’est notamment félicité des 8,5 millions de préservatifs remboursés délivrés en officine entre janvier et avril 2023, « trois fois plus qu’auparavant, c’est une victoire pour la santé de notre jeunesse ». Aussi, « 620 pharmacies en CPTS mettent déjà en œuvre les protocoles de coopération pour les cystites ou les angines, c’est la profession la plus mobilisée ! », a-t-il encore encouragé. Un discours « éminent respectueux », a réagi Philippe Besset quelques minutes plus tard, « mais j’ai le sentiment toutefois que le ministre a loupé la page sur les revalorisations des honoraires conventionnels », sourit le titulaire.

 

Léa Galanopoulo