À l’occasion de son déplacement sur le site du laboratoire Aguettant, en Ardèche le président de la République a détaillé son plan de la relocalisation de la production de médicaments essentiels en France. Une démarche de « reconquête sanitaire », selon Emmanuel Macron, qui fait partie des lignes directrices du plan « innovation santé 2030 » et vient compléter le plan de lutte contre les pénuries, annoncé en février par le gouvernement.
Derrière ce projet, la priorité est donc de garantir l’accès pour tous aux médicaments, qu’ils s’agissent de molécules matures ou innovantes. La relocalisation est un levier que le président a décidé aujourd’hui d’actionner en annonçant « le retour de la production en France de médicaments essentiels à nos vies ». « Trop d’entre nous sommes confrontés à des pénuries dans nos pharmacies. Que ce soit pour des médicaments courants et bien connus, comme pour des traitements vitaux, les délais sont parfois trop longs et l’accès, trop difficile », ainsi concédé Emmanuel Macron ce 13 juin.
Parmi les actions prioritaires et très attendues, celle d’établir une liste de médicaments essentiels (environ 450 molécules) que le gouvernement s’engage à sécuriser en priorité. L’annonce concerne aujourd’hui une cinquantaine de médicaments pour lesquels le gouvernement « a identifié un besoin particulièrement important ou urgent de sécurisation de l’approvisionnement » et dont la production doit être augmentée ou relocalisée.
Pour Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie l’avancée est majeure : « sur cette cinquantaine de médicaments, la moitié verra sa production relocalisée ou augmentée significativement sur le territoire national d’ici cinq ans. » Et de surenchérir « la réindustrialisation est la mère des batailles : elle est une condition nécessaire de notre souveraineté sanitaire. »
Huit nouveaux sites de relocalisation ont été annoncés aujourd’hui par le président de la République et devront être lancés dans les semaines à venir, pour un investissement total de 160 millions d’euros soutenu par l’État.
« Ainsi, sur la cinquantaine de premiers médicaments essentiels pour lesquels notre dépendance aux importations extra-européennes est avérée, la moitié verra sa production relocalisée ou augmentée significativement sur le territoire national », précise Bercy. « L’étape de production sur laquelle nous réduisons notre dépendance peut concerner l’amont de la chaîne de valeur (intrant ou principe actif) et / ou l’aval (produit fini) », précise le ministère.
Listes des médicaments en cours de relocalisation ou d’augmentation de capacités de production :
Antibiotiques : amoxicilline, ciprofloxacine
Médicament utilisés en réanimation et urgence : paracétamol, morphine, fentanyl, propofol, midazolam, diazépam, clonazépam, 3 curares, adrénaline, noradrénaline
Médicaments utilisés dans la prise en charge d’affections chroniques touchant une large population : méthylprednisolone, ésoméprazole, furosémide, clopidogrel, salbutamol
Anticancéreux : topotecan, melphalan, busulfan, fludarabine, paclitaxel, oxaliplatine
Chloé Joreau
