Depuis lundi, les patients peuvent directement envoyer leur ordonnance à leur officine, en passant par la messagerie sécurisée offerte par Mon espace santé. Une mesure annoncée la semaine dernière par François Braun – à l’occasion du lancement de la nouvelle feuille de route du numérique en santé – qui devrait permettre de court-circuiter l’envoi de prescription par Gmail, non sécurisé.
Sauf pour Philippe Besset, président de la FSPF, ce dispositif n’est « pour l’instant connu de personne, ni des patients ni des pharmaciens ». Le pharmacien de Limoux souhaite donc informer rapidement ses confrères, car l’usage risque de monter en puissance. « L’Assurance maladie va commencer à communiquer sur cette possibilité, les pharmacies doivent être vigilantes, car potentiellement 60 millions de Français peuvent dès aujourd’hui leur envoyer des ordonnances ! », sourit-il.
« Tous les formats d’ordonnances sont compatibles »
Depuis juillet dernier, chaque Français possède une adresse mail sécurisée de santé, attachée à son numéro de Sécurité sociale. Concrètement, lorsqu’il se connecte à Mon Espace santé, le patient peut, depuis cette adresse mail, envoyer son ordonnance – ou un simple message – à n’importe quelle pharmacie dans laquelle il a eu un remboursement dans l’année.
« Tous les formats d’ordonnances sont compatibles, qu’il s’agisse d’une prescription récupérée sur le DMP ou d’une photo prise par le patient », détaille Philippe Besset. L’officine de son côté reçoit un message sur son LGO, « à condition d’avoir un logiciel Ségur », précise le titulaire qui a réalisé un test dans sa propre officine en début de semaine.
Une fois l’équipe officinale informée du message du patient, « j’estime qu’il faut pouvoir y répondre dans l’heure », imagine-t-il, précisant que les pharmaciens sont les seuls professionnels de santé à avoir accepté d’être contactés directement par le patient via Mon espace santé. « Nous sommes une porte ouverte sur la santé », veut insister le président de la FSPF.
Le DP va évoluer
Si cet envoi d’ordonnance sécurisé ne doit pas être confondu avec la prescription électronique – ordonnance tracée, avec un code-barre unique – Philippe Besset se félicite de ce dispositif, une « voie de communication au quotidien avec le patient ». « Depuis le temps que j’entends parler de messagerie sécurisée de santé, c’est la première fois que ça sert à quelque chose », se réjouit-il encore.
Dans un second temps, le DP sera lui aussi amené à évoluer. À l’avenir, par exemple, le nom des officines où les délivrances ont été effectuées ne sera plus masqué. « Nous saurons quelle pharmacie a délivré quel produit, et nous deviendrons alors un véritable réseau, imagine le président de la FSPF. Ces innovations numériques vont complètement révolutionner notre exercice ! ».
Léa Galanopoulo
