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Coup de rabot sur les prix : le Gemme craint des risques de pénurie pour 15% des médicaments génériques

« Des prix bas, oui mais pas au prix de votre santé ! ». Fin avril, l’association Gemme qui défend les intérêts des laboratoires génériqueurs a lancé une campagne de sensibilisation, pour alerter l’opinion publique sur les baisses de prix opérées sur les génériques depuis une quinzaine d’années. Et leurs conséquences sur l’accès au médicament.

Comparant le prix d’un café – 2,50 euros pour « une minute de plaisir » – et celui d’un flacon d’antibiotique, 2,16 euros pour une semaine de traitement, le Gemme veut dénoncer les coups de rabots successifs sur le prix des médicaments. Les affiches, destinées au grand public, sont désormais diffusées dans les gares de dix villes tricolores et dans les pharmacies avec le soutien de l’UDGPO et de Federgy.

« Des baisses de prix répétées »
Alors que les médicaments génériques – vendus en moyenne 60% moins chers que le princeps – engendrent chaque année une économie de près de 2 milliards d’euros pour les comptes de la Sécurité sociale, les industriels déplorent « des baisses de prix répétées, qui se sont accélérées depuis 2014 ».

Pire, en 2019, les génériques ont été intégrés dans le calcul de la clause de sauvegarde, censée limiter la hausse des coûts liés aux traitements innovants. Un « non-sens », pour Stéphane Joly, président du Gemme, car cette clause « sanctionne la vente de produits générateurs d’économies pour l’Assurance maladie ». « C’est un peu comme faire payer la taxe carbone à une personne qui a choisi de se déplacer à vélo électrique », illustre-t-il.

Un prix plancher du comprimé à 0,14 euros ?

Avec un prix moyen du comprimé générique de 11 centimes, les laboratoires craignent même que certains industriels produisent à perte, menaçant en bout de course la viabilité des entreprises. « Le constat est sans appel : si les baisses de prix des médicaments génériques continuent, les pénuries pourraient s’accroitre pour environ 15% des références, soit près de 150 médicaments sur 1 000 », déplore encore l’association. « Force est de constater que l’offre s’est déjà réduite en France, certains acteurs ayant jeté l’éponge, faute d’atteindre ou de maintenir une viabilité économique suffisante », constate Stéphane Joly.

Le Gemme réclame désormais en gouvernement d’augmenter le prix des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) de moins de 5 euros, mais aussi « d’établir un prix plancher à 0,14 euro par comprimé, indexé sur l’inflation ». Les industriels souhaitent par ailleurs que les génériques – comme les biosimilaires et les hybrides – soient exclus de la clause de sauvegarde. Une pétition est en ligne pour soutenir ces revendications.

Léa Galanopoulo