« Nous observons une augmentation du mésusage de la prégabaline au cours des dernières années. Afin de limiter ce mésusage et les risques associés, la durée de prescription des médicaments à base de prégabaline (Lyrica et génériques) est limitée à 6 mois et nécessitera une ordonnance sécurisée. Cette mesure entrera en vigueur le 24 mai 2021 » a indiqué l’ANSM le 24 février.
À compter du 24 mai, la prégabaline devra obligatoirement être prescrite sur une ordonnance sécurisée. Elle ne pourra être renouvelée en pharmacie que 5 fois sur mention du prescripteur, permettant une délivrance de 6 mois de traitement maximum. Si nécessaire, une nouvelle visite médicale sera à prévoir tous les 6 mois.
Reine du détournement
En effet, une enquête OSIAP (Ordonnances suspectes, indicateur d’abus possible) montre qu’en 2019, la prégabaline est la molécule la plus présente sur les ordonnances falsifiées ou suspectes. Elle est citée dans 23,8 % des ordonnances signalées par les pharmaciens d’officine. Ce taux de déclaration a été multiplié par 14 ces 3 dernières années ; en 2017, le Lyrica ne figurait qu’à la 15e place des médicaments les plus.
En 2019, derrière la prégabaline se plaçait devant la codéine antitussive (dans 19,9 % des ordonnances citées), suivie du paracétamol (14,9 %), du tramadol seul ou en association (11,6 %), du paracétamol codéiné (9,8 %) et du bromazépam (7,1 %).
L’ANSM précise que 234 déclarations de cas d’abus, de dépendance et d’usage détourné en 2019, contre 106 en 2018 et 18 déclarations en 2016. Face aux abus, une dizaine de pays ont déjà restreint les modalités de prescription et de délivrance de la prégabaline, dont le Royaume-Uni, récemment.
Qui sont les patients ?
Le mésusage de prégabaline est plus souvent constaté chez des patients en proie au nomadisme médical, mais aussi sous TSO ou ayant des antécédents de dépendance. Les effets recherchés sont l’euphorie, la sédation, l’anxiolyse, soit pour un usage récréatif, soit après une prise en charge thérapeutique. La tolérance se met en place très rapidement. « Les personnes sont majoritairement des hommes jeunes (27 ans en moyenne) dont des mineurs en situation de précarité, et parfois en détention ou centres de rétention administrative » précise l’ANSM.
L’usage détourné est essentiellement à visée de défonce/euphorie dans un contexte de polyconsommation de substances psychoactives, mais aussi à visée anxiolytique, antalgique ou hypnotique. Dans plus de la moitié des cas, elle est ainsi associée à une autre substance, majoritairement une benzodiazépine (65 %), en particulier le clonazépam.
Attention : la posologie doit être diminuée progressivement avant l’arrêt du traitement pour éviter un syndrome de sevrage !