Les conclusions d’un Ségur orienté sur l’hôpital et ses salaires, avec une forte volonté de décentralisation, de dialogue social et de refonte du système via l’expérimentation. Dans ce long discours de conclusion, nulle trace des pharmaciens.
Mardi 21 juillet, les ministres des Territoires, de l’Enseignement supérieur et bien sûr de la Santé étaient réunis au ministère de la Santé pour clore le Ségur. Nicole Notat, ancienne présidente de la CFDT, qui a piloté le Ségur, s’est montrée satisfaite par « une opération réussie ! » De la centaine de réunions entre les pouvoirs publics et représentant des soignants, Nicole Notat a relevé une volonté de « revalorisation et de reconnaissance, mais aussi, d’une refonte approfondie du système de santé », comme elle l’a exprimé durant la conférence de presse.
Revalorisation des salaires
« Des sommes sans précédent, 8,2 milliards d’euros ont été mis sur la table, ce qui implique des revalorisations très significatives. La feuille de paye était l’objectif principal de ce Ségur, mais pas le seul », a rappelé Olivier Véran. La revalorisation tourne autour de 250 euros nets mensuels pour les infirmières, les aides-soignants et autres personnels hospitaliers. Elle monte jusqu’à 1000 euros nets par mois pour les praticiens hospitaliers. Ces augmentations sont proportionnelles aux salaires actuels, mais sont plus généreuses pour les soignants en début de carrière. Le but avoué étant de rendre l’hôpital plus attractif.
Plus de lits « à la demande »
En plus des salaires, le nombre de lits dans les hôpitaux était un enjeu important.
Le ministre de la Santé a ainsi promis « l’ouverture de 4000 lits à la demande, en fonction des besoins et de la saisonnalité ». En plus du manque de place, le Ségur et la crise sanitaire ont dévoilé un manque de personnel à l’hôpital.
Plus de soignants
L’hôpital public va ouvrir 15 000 postes, en priorité vers les territoires ruraux. Une augmentation subséquente de 2000 places dans les filières de santé infirmiers, a été promise par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, et cela en plus de la fin programmée du numerus clausus dans les cursus médicaux, odontologique, maïeutique et pharmaceutique.
Quitter peu à peu la T2A
La restructuration du système de soin passe par la reformulation du système de financement. Les acteurs de l’hôpital ont montré leur ras-le-bol vis-à-vis du système actuel de tarification à l’acte (T2A). Le Ségur s’inscrit dans la ligne de ce qui avait été entamé par Agnès Buzyn, l’expérimentation de nouveaux modes de financement au niveau des territoires. « Nous allons faire confiance et nous allons laisser les établissements de santé et les professionnels de ville s’emparer des financements pour évoluer vers un modèle mixte, fondé sur les besoins de santé des populations du territoire, » a déclaré Olivier Véran.
Décentralisation et territoires
« Notre système souffre d’un excès de centralisation », a noté Nicole Notat. Afin de décentraliser, le gouvernement souhaite donner plus d’importance aux ARS, au niveau du soin et des investissements en santé, mais aussi aux élus locaux, qui devraient être en liens étroits avec les agences.
Briser les murs et les silos
Dans la foulée des enveloppes financières, le ministre a annoncé « 2,5 milliards d’euros pour les projets ville-hôpital, afin de casser les silos ». Cet argent devrait nourrir des expérimentations qui restent aujourd’hui encore floues.
Autres silos à briser, ceux qui séparent les professionnels de santé de ville. Le Ségur met aussi en avant l’interpro, comme le rappel Nicole Notat : « pour mieux faire travailler les acteurs de santé sur l’ensemble du territoire. Au travers des CPTS et peut-être grâce à des formes plus souples d’interprofessionnalitées. »
Des milliards d’euros
Les dépenses annoncées à la suite de ce Ségur sont massives, 8,2 milliards d’euros de revalorisation des salaires, 6 milliards d’euros d’investissements dans le système de santé, auxquels s’ajoutent les 13 milliards d’euros de reprise d’une partie de la dette de l’hôpital, annoncé en début d’année. « L’ensemble des sommes que l’État apporte à la santé dans le cadre du Ségur viendra abonder l’ONDAM, qui vous le verrez, sera très nettement réévalué en 2021 », a assuré Olivier Veran. Il n’y a pas eu de précision quant à la provenance de ces financements.
Pharmaciens, les grands absents
Le ministre de la santé lui-même a regretté que certains sujets n’aient pu être abordés durant ce Ségur, comme la problématique des territoires ultramarins. Apparemment satisfait par les discutions entourant le Ségur, le ministère semble prêt à renouveler l’exercice en proposant un Ségur des Outremers et un Ségur de la Santé publique.
Durant cette longue conclusion qui a vu défilé 3 ministres, le mot pharmacien n’a pas été prononcé une seule fois, confirmant la crainte des syndicats représentants de la profession.