Épreuve de 6e année à Marseille : une fausse polémique ?

Le mardi 23 juin, les étudiants en 6e année de pharmacie à la faculté de Marseille passaient leur épreuve d’analyse et commentaire d’ordonnance. Au sujet : le décryptage d’une ordonnance d’hydroxychloroquine, azythromycine et Effizinc.

Postée sur les réseaux sociaux, l’examen fait polémique, certains arguant de pressions exercées sur les étudiants marseillais vis-à-vis de l’hydroxychloroquine. « Est-ce que les enseignants de fac de médecine ne devraient pas avoir un peu plus de dignité que ça ? Comment ne pas y voir une pression exercée sur les étudiants ? » poste ainsi La Tronche en Biais, 42 700 abonnés. Car, au-delà de soulever, à nouveau, l’intérêt thérapeutique de l’hydroxychloroquine, l’épreuve était également dirigée par Stéphane Honoré, cosignataire de Didier Raoult sur certaines publications pointées du doigt. « Les étudiants le savent. Comment voulez-vous qu’ils puissent sereinement répondre à cet examen de 6e année ? Cette situation est anormale » surenchérit La Tronche en biais.

Contactée le 24 juin, Julie Napieralski, étudiante en pharmacie à Marseille et attachée de presse de l’ANEPF nous confirme que le sujet de l’examen posté sur les réseaux est exact. « Mais le but de l’épreuve était justement d’expliquer que le pharmacien devait refuser la dispensation, qu’il n’y a pas d’AMM pour l’hydroxychloroquine dans le Covid-19 et de rappeler la législation en vigueur. Il n’y a pas de polémique au sein des étudiants, la grille de notation est claire ».

Tester l’esprit critique du pharmacien et refuser la délivrance

La fac de Marseille a également répondu sur Twitter dans la soirée, publiant un résumé de la grille de notation : « ce professeur attendait justement que les étudiants concluent à 1 – non-validité de l’ordonnance, 2 – le refus de dispensation, 3 – appel au médecin prescripteur, 4 -conseil avisé au patient ».

Le but avancé par la fac n’était donc pas d’encenser l’hydroxychloroquine, ce que nous confirme François Devred, vice Doyen de l’UFR de Pharmacie de Marseille : « le but de cette épreuve était justement de tester l’esprit critique du pharmacien vis-à-vis d’une ordonnance, en refusant la délivrance. Montrer qu’il engage sa responsabilité, qu’il est le dernier rempart face à l’erreur médicale ».

La grande majorité des étudiants ont répondu correctement

Après les premières corrections de copie, il semble d’ailleurs que la grande majorité des étudiants ait répondu correctement à la question. La fac a, par ailleurs, reçu une lettre signée de plusieurs dizaines d’étudiants présents à l’épreuve (à distance) demandant de ne pas annuler cette partie de l’examen.

Pour l’heure, la décision d’annuler ou non la question n’est pas encore fixée, la balance penchant soit vers une annulation de la question, soit vers une neutralisation positive (tous les étudiants reçoivent le maximum de points). « Nous sommes à l’écoute des étudiants et ils seront informés très rapidement » précise François Devred.

La polémique perd d’autant plus de sa substance que, confinement oblige, la fac a décidé au début de la pandémie de ne pas imposer le redoublement aux étudiants ayant échoués aux examens du second semestre, à condition d’avoir validé le premier.

 

Léa Galanopoulo

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