Les prothèses mammaires externes

Délivrées dans les officines et prises en charge à 100 %, les prothèses mammaires amovibles permettent aux femmes de retrouver leur féminité, de reprendre confiance en elles, mais également de rééquilibrer leur posture.

Seule une femme sur trois ayant subi une mastectomie fait appel à la reconstruction mammaire. Pour certaines, être une Amazone est un choix. Pour d’autres, le dépassement d’honoraires des chirurgiens est un véritable frein. Il y a aussi celles qui réfléchissent encore. Mais pour toutes ces femmes, il existe une solution non chirurgicale : les prothèses mammaires externes. En remplaçant le sein absent, elles recréent sa forme naturelle et préviennent l’apparition de troubles de la posture (rachis, épaule) et les douleurs associées. Le pharmacien d’officine et son équipe jouent un rôle primordial dans la délivrance de ces dispositifs médicaux, encore méconnus des soignants, mais aussi des femmes elles-mêmes.

La prise de mesures, une étape essentielle

« Le choix des prothèses et de la lingerie adaptée prend du temps. Un rendez-vous pour une première délivrance peut durer 1 h 30, prévient Sophie Miellot, préparatrice à la pharmacie de Quentovic (Le Touquet- Paris-Plage) formée en orthopédie. On les interroge pour trouver le modèle qui leur conviendrait le mieux et puis on prend les mesures. Celles-ci doivent être prises à chaque renouvellement. »

La prise de mesures débute par celle du soutien- gorge. Il faut alors mesurer le tour de buste en plaçant le mètre-ruban sous la poitrine au niveau du pli du sein. La patiente doit se tenir debout, et ses bras doivent être le long du corps. Il suffit ensuite de reporter la mesure dans les tableaux de tailles de soutien-gorge fournis par les laboratoires.

Puis il faut déterminer la profondeur du bonnet du soutien-gorge (A, B, C, D…). Pour les laboratoires Thuasne et Amoena, elle correspond à un demi-tour de poitrine. Ainsi, il faut tendre le ruban entre la colonne vertébrale et le sternum du côté du sein non opéré, en passant sur le mamelon. La mesure doit alors être doublée, et le résultat, reporté dans le tableau. Concernant le laboratoire Anita, la taille du bonnet correspond au tour de poitrine en plaçant le ruban au niveau des mamelons sans serrer. Il faut ensuite faire la différence entre cette mesure et le tour de buste pris précédemment, puis se reporter dans le tableau.

Vient enfin le choix de la prothèse. La taille de la prothèse peut être déterminée en reportant la valeur de la taille du soutien-gorge dans le tableau correspondant aux prothèses du laboratoire choisi.

Une fois toutes ces mesures prises, la patiente peut essayer les prothèses et la lingerie adaptée. L’essayage est le moment le plus important, et même obligatoire, avant la délivrance. Le pharmacien ou la préparatrice va aider la patiente à se familiariser avec les prothèses, lui expliquer comment les positionner dans le soutien-gorge, les entretenir à la maison. En outre, il est indispensable d’avoir un stock suffisant (une quinzaine de modèles de prothèses différents au minimum) afin qu’elle puisse choisir ceux qui correspondent le mieux à sa morphologie et dans lesquels elle se sente bien.

Pour l’aider à faire son choix, il est possible de lui conseiller d’apporter une tenue moulante afin qu’elle puisse voir le rendu une fois habillée. Elle peut également venir accompagnée. « Les mesures et l’essayage doivent avoir lieu dans un local calme et chaleureux, dans lequel les femmes se sentent à l’aise. C’est un lieu dédié uniquement à cela, et ne doit pas être le local orthopédique », rappelle également Sophie Miellot.


Prothèse en silicone standard © Amoena

Les prothèses en silicone standard

  • Prix : 180 euros, fixé par l’Assurance maladie.
  • Remboursement : 100 %, à condition que le médecin remplisse le formulaire.

Une fois la cicatrisation terminée, les femmes peuvent porter des prothèses plus lourdes en silicone. Les modèles standard sont conçus pour avoir le même poids qu’un sein normal, ce qui permet un bon maintien de la posture, mais aussi la même apparence. Il existe ainsi différentes tailles, formes, mais aussi différentes teintes pour s’adapter à toutes les carnations. Non adhérentes, ces prothèses peuvent être placées dans un soutien-gorge normal ou post-mastectomie. « Leur renouvellement se fait sur prescription médicale au bout de 12 mois si la première prothèse a été prescrite entre 2 et 14 mois après l’opération, puis tous les 18 mois », indique l’Institut national du cancer (Inca) sur son site internet.

Prothèse transitoire © Amoena

Les prothèses transitoires

Prix : 25 euros, fixé par l’Assurance maladie.

Remboursement : 100 %, à condition que le médecin remplisse un formulaire spécifique à la prescription de prothèses mammaires externes.

Dès l’ablation du sein, le chirurgien ou le médecin traitant peut prescrire des prothèses mammaires externes transitoires. Garnies de mousse et recouvertes de coton, ces prothèses ont la particularité d’être légères et souples pour n’exercer aucune pression sur la peau. Elles peuvent être portées le temps nécessaire à la cicatrisation (environ 2 mois), ainsi qu’au cours de la radiothérapie. Elles ne se fixent pas à la poitrine, mais doivent être glissées à l’intérieur d’un soutien-gorge doté d’une poche prévue à cet effet. Cette lingerie adaptée n’est actuellement pas remboursée par l’Assurance maladie. En revanche, certaines mutuelles la prennent en charge si le médecin mentionne sur l’ordonnance « prothèse mammaire avec soutien-gorge adapté ».

Prothèses en silicone technique © Amoena

Les prothèses en silicone technique

  • Prix : 240 euros, fixé par l’Assurance maladie.
  • Remboursement : 100 %, uniquement si la patiente présente certains symptômes renseignés par le médecin dans le formulaire. Si ce n’est pasle cas, un reste à charge de 60 euros est à prévoir.

Ces modèles plus sophistiqués s’adressent aux femmes présentant des adhérences cicatricielles, des douleurs cervicales ou dorsales, des bouffées de chaleur entraînant une hypersudation, ou encore un œdème ou si elles sont à risque de lymphœdème. Pour ces patientes, il existe des prothèses ultralégères.

Si le médecin prescrit un modèle non adhérent, il peut être délivré 2 mois minimum après la mastectomie. En revanche, les prothèses adhérentes en silicone ne peuvent pas être prescrites en première intention. Il faut attendre 14 mois après l’opération. Ce modèle est apprécié des femmes, car elles peuvent à nouveau porter leur lingerie, des dos nus… À l’instar des prothèses standard, les modèles techniques sont renouvelés tous les 18 mois. •


  • 2 femmes sur 3 ne font pas appel à une reconstruction mammaire après une mastectomie.