Bétadine : l’antiseptique iodé

Povidone iodée

AMM en 1973

Les iodophores, composés organiques transporteurs d’iode, sont utilisés comme antiseptiques depuis les années 1950. Parmi eux : la polyvinylpyrrolidone, polymère proche des protéines plasmatiques. Associée à l’iode, elle forme le complexe PVP-I, la povidone iodée. En 1973, une première AMM est accordée à la Bétadine dermique. Viendront l’année suivante la Bétadine Scrub, puis, dernière en date en 1999, la Bétadine alcoolique 5 %.

Mode action

L’iode est capable de pénétrer la paroi des micro-organismes, et, sous sa forme libre, d’agir sur leurs protéines cytoplasmiques. Son activité bactéricide est alors rapide. L’iode va ainsi détruire de manière irréversible les microorganismes en oxydant leurs protéines de structure et leurs enzymes. Associée à l’iode, la povidone augmente sa solubilité, la constitution de réserve iodée et la pénétration de l’iode.

Savon et antiseptique

Parce qu’ils annulent les effets de la Bétadine et provoquent la formation de composés caustiques, les antiseptiques dérivés du mercure ne doivent pas y être associés. Une règle qui prévaut pour tous les antiseptiques. Après un lavage de la zone au savon, rincer abondamment, car le savon, lui aussi, peut inactiver l’action de la povidone iodée.

Résistance bactérienne

De par son mode de fonctionnement, elle n’entraîne pas de résistance bactérienne, ni chromosomique, ni plasmidique. Ainsi, les micro-organismes ne mettent pas en place de frein à la pénétration d’iode, ce qui n’affecte pas l’efficacité dans le temps de la Bétadine, indispensable pour éviter les infections nosocomiales. En France entre 4 000 et 20 000 décès seraient imputables à ces infections.

Intox sur l’allergie

Contrairement aux idées reçues, l’allergie à l’iode n’existe pas. Les réactions déclenchées par les produits de contraste, les fruits de mer ou la Bétadine ne sont pas le fait de l’iode, mais des autres composants, comme la povidone ou les protéines musculaires des fruits de mer. Il n’y a donc aucune réaction croisée entre ces produits. Aussi, inutile, voire contre-productif, de demander au patient s’il est allergique à l’iode.

5 minutes top chrono

La povidone iodée présente un large spectre d’activités sur les bactéries G+ et G-, les virus et les infections fongiques. Son activité antiseptique est semblable à celle des dérivés chlorés, mais supérieure à la chlorexidine ou aux ammoniums quaternaires, tous deux moins efficaces sur les champignons et les actinobactéries. Elle agit en 5 minutes in vitro sur les bactéries et moins de 1 minute sur les Candidas.

Passage systémique

En cas d’usage prolongé ou sur une large surface, la Bétadine peut entraîner une surcharge iodée, et éventuellement des dysfonctionnements thyroïdiens en particulier chez les prématurés ou les grands brûlés, voire un trouble de la fonction rénale. Elle ne doit pas être utilisée chez les moins de 1 mois, ni aux 2e et 3e trimestres de grossesse. L’application sur les muqueuses est possible (sauf sous sa forme alcoolique), mais peut exposer à des effets systémiques, notamment sur une peau lésée, en cas d’insuffisance rénale ou sous un pansement occlusif par exemple. •