Les médicaments OTC, bientôt partie intégrante du système de santé ?

De la mise en perspective européenne au parcours pharmaceutique, en passant par sa promotion de l’automédication, le programme des premières universités de l’automédication était riche. Les 22 conférenciers (pharmaciens, médecins, députées, associations de patients, laboratoires…), réunis par l’AFIPA (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable) , en partenariat avec la revue Pharmaceutiques, ont été unanimes pour dire que la France était à la traîne par rapport à d’autres pays comme la Grande-Bretagne, la Suisse ou le Canada même si 80% des Français déclarent faire recours régulièrement à l’automédication.

Une efficacité reconnue

Aucun des intervenants n’est revenu sur l’efficacité de l’automédication. Au contraire. « L’automédication qui repose sur des médicaments à SMR inexistant était vraie il y a 20 ans. Aujourd’hui, nous avons les mêmes molécules en conseil que celles qu’ont les médecins » a déclaré Gilles Bonnefond, Président de l’USPO. Les bienfaits évoqués ont été nombreux : le Dr Luc Duquesnel, Président de la CSMF lui accorde une logique de prévention. Pour le Dr Laurent Grange, Président de l’AFLAR (Association Française de lutte Antirhumatismale), l’automédication fait gagner du temps sur la pathologie car elle est principalement prise au début des symptômes. En outre, elle pourrait éviter certains actes médicaux inutiles et désengorger les cabinets, selon le Dr Martial Olivier-Koehret, Médecin généraliste a Luxeuil (70), Président de l’Association soins coordonnés.

Des freins de longue date

En France, l’automédication n’est pas reconnue par les pouvoirs publics. « Il faut pourtant qu’elle fasse intégralement partie intégrante du système de santé » a déclaré Jurate Svarcaite, Directrice générale de l’AESGP (Association of the european self-Medication industry). Les nombreuses campagnes de dénigrement des médicaments dans les media n’ont pas aidé à valoriser l’image de l’automédication. Enfin, les médecins peuvent manquer de cohérence. Delphine Bagarry, Députée des Alpes-de-haute-provence et membre de la commission des Affaires sociales, a expliqué : « Nous ne pouvons pas, d’un côté, inciter les parents à ne pas engorger les cabinets médicaux lorsque leur nourrisson a de la fièvre en leur incitant à lui donner du paracétamol et, de l’autre, leur demander de ne pas s’automédiquer. »

Comment promouvoir l’automédication ?

C’est Luc Besançon, Ancien directeur Général de la Fédération internationale pharmaceutique – FIP, qui a répondu à la question « Comment faire de l’automédication une référence ? » : « Il convient de faire des produits d’automédication une solution. Nous ne dispensons pas un produit mais une solution ! »; Mieux communiquer auprès du grand public via, par exemple, les nouvelles technologies (site Internet, objets connectés, réseaux sociaux…) serait une piste supplémentaire selon Bas Vorsteveld, Président GSK consumer healthcare France and FAMAG (French Africa & Maghreb). Parmi ces outils, le dossier médical partagé (DMP) et le dossier pharmecutique (DP) figureraient en bonne place.

Le rôle essentiel du pharmacien

Certaines molécules déremboursées peuvent passer en automédication. Or, ces médicaments sont régulièrement accusés d’être inefficaces. Agnès Firmin Le Bodo, Députée de seine-Maritime et membre de la commission des Affaires sociales, s’est insurgée : « C’est au pharmacien de convaincre sa patientèle. Si un sirop a rendu service pendant des années, cela signifie qu’il rend toujours service » . Stéphane Pichon, membre du bureau du conseil central A à l’Ordre national des pharmaciens et Président de l’ordre de la région PACA Corse, a complété en rappelant que l’automédication ne comprend pas uniquement des produits en libre-accès mais également des produits, situés derrière le comptoir, dispensés par le pharmacien. Son conseil est donc essentiel. Outre le rôle du pharmacien, les conditions du développement de l’automédication reposent sur l’interprofessionnalité. Les associations de patients présentes, comme les professionnels de santé, étaient d’accord : « Le médecin, l’infirmier, le pharmacien, le kinésithérapeute… Tous les acteurs de santé ont un rôle à jouer. »

En conclusion, Daphné Lecomte-Somaggio, Déléguée générale de l’Afipa, s’est réjouie de cette journée riche d’échanges et a souligné la volonté de l’ensemble des parties prenantes présentes de travailler collectivement sur cette question. Elle a cependant regretté l’absence des autorités, pourtant conviées aux débats « Je vous propose que nous commencions à travailler tous ensemble pour donner à l’automédication la place qu’elle mérite dans le parcours de santé du patient. Retrouvons nous l’année prochaine pour faire un nouveau point lors de deuxièmes Universités de l’Automédication. “