L’aide médicale d’état ou AME, qui permet aux étrangers en situation irrégulière, qui en font la demande, d’accéder à des soins (à condition de résider en France depuis plus de 3 mois et de ne pas dépasser un certain niveau de revenus), était dans le viseur de la droite depuis plusieurs années, qui veut le recentrer uniquement sur les soins d’urgence. C’est désormais chose faite : au troisième jour de l’examen du texte, les sénateurs ont adopté ce jeudi 21 juin au soir l’article 10AA, transformant l’aide médicale d’État en une « aide médicale d’urgence ». Cette mesure n’a pas fait l’unanimité, (144 sénateurs ont voté en faveur de la mesure, 137 contre) et on compte 62 abstentions. Les rangs de droite dénombre deux opposants à la mesure : Gérard Dériot, pharmacien et Alain Milon, médecin.
AMU, pour 4 situations d’urgence
La modification avait été introduite en commission des Lois par le sénateur Roger Karoutchi. Cette nouvelle aide offrirait une prise en charge uniquement dans le traitement des « maladies graves et des douleurs aiguës », les vaccinations réglementaires, les soins liés à la grossesse ou encore la médecine préventive. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb craint les effets contre-productifs que créerait un amoindrissement de l’AME, et de réduction des soins. « J’ai peur que vous n’alliez vers les conséquences contraires à ce que vous souhaitez », a déclaré le ministre, citant les risques d’ « embouteillage » dans les urgences, du développement de maladies contagieuses ou encore des hospitalisations, plus coûteuses que la médecine de ville.
Depuis sa création en 2001, le nombre de bénéficiaires de l’AME est passé de 100.000 à 311.000 et le budget annuel alloué à cette aide a augmenté de 13%, pour atteindre 923 millions d’euros, à l’issue de la dernière loi de finances. Le parti Les Républicains en avait d’ailleurs fait un élément de sa communication.