Le site DoctiPharma, filiale de Doctissimo et propriété du groupe Lagardère Active, s’est vu refuser le droit de vendre des médicaments sur Internet après 19 mois d’une pratique fortement contestée par la profession. Le tribunal de commerce de Nanterre a ordonné au site d’e-commerce de faire cesser la commercialisation des médicaments sans ordonnance à compter du 16 juin.
Une décision dont se réjouit l’Afpel (Association française des pharmacies en ligne) et l’UDGPO (Union des groupements de pharmaciens d’officine) qui, dans un communiqué, jugeaient « inacceptable qu’une plateforme puisse délivrer des médicaments non soumis à prescriptions ». Arguant que les pharmacies utilisant la plateforme sont toutes agréées par l’ARS et que la conception d’un site ergonomique et sécurisé n’est pas forcément à sa portée, la filiale de Doctissimo a décidé de faire appel de cette décision. DoctiPharma accuse également l’UDGPO d’empêcher les officinaux de prendre le virage numérique et de laisser leurs voisins européens « préempter le marché français », comme le souligne Stéphanie Barré, directrice générale de DoctiPharma. En attendant la décision de la Cour d’appel, ragaillardie par cette première victoire, l’association étend son combat aux plateformes européennes. Après Doctipharma, l’UDGPO s’attaque à Shop-pharmacie.fr, plateforme française du site néerlandais Shopapotheke, qui avait diffusé en septembre 2015 des flyers publicitaires dans les colis de La Redoute, Showroomprivé et Zalando, trois sociétés également sous le coup d’une plainte de l’UDGPO.
Des assignations ont été envoyées à la maison-mère Shop-apotheke pour campagne publicitaire trompeuse et dangereuse pour le consommateur. Pour Laurent Filoche, président de l’UDGPO, « les règles s’appliquent à tous. On ne peut pas s’affranchir des bonnes pratiques en vigueur ». « Le cas des marketplaces européennes ouvre une question préjudicielle que nous comptons bien porter devant la Cour de justice européenne », note de son côté maître Sébastien Beaugendre, l’avocat de l’UDGPO. Le feuilleton juridique s’annonce long.